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Au lendemain d’une décision de justice bloquant l’envoi de la garde nationale à Portland (Oregon), Donald Trump a, malgré tout, décidé de déployer un contingent de militaires, dimanche 5 octobre, dans cette grande ville du nord-ouest des Etats-Unis où des manifestations localisées contre la police de l’immigration ont lieu depuis quelques mois.

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La juge fédérale Karin J. Immergut, qui a souligné dans sa décision de samedi qu’il n’y avait pas de « danger de rébellion » et que les « forces de l’ordre régulières » étaient aptes à gérer la situation, a statué que les fonctionnaires fédéraux ne pouvaient avoir recours à la garde nationale. Sa décision expire le 18 octobre, dans l’attente de nouveaux arguments dans le cadre d’une action en justice intentée par l’Etat et la ville.

Mais un porte-parole du Pentagone a déclaré, dans un communiqué, qu’environ 200 membres de la garde nationale de Californie, en service dans la région de Los Angeles, étaient déjà réaffectés à Portland. La gouverneure de l’Oregon, la démocrate Tina Kotek, a fait savoir qu’une centaine d’entre eux étaient arrivés samedi et qu’une centaine d’autres étaient en route, dimanche.

« Cette décision semble délibérée afin de contourner celle rendue par une juge fédérale », a-t-elle déploré. « Les faits n’ont pas changé. Il n’y a pas lieu d’intervenir militairement dans l’Oregon. Il n’y a pas d’insurrection à Portland, ni de menace pour la sécurité nationale », a-t-elle ajouté, précisant qu’elle n’avait pas eu d’échange officiel avec le gouvernement fédéral.

« Abus de droit et de pouvoir »

Le bureau de son homologue de Californie, Gavin Newsom, a annoncé qu’environ 300 membres de la garde californienne, auparavant fédéraux, pourraient être déployés. Le dirigeant démocrate, qui a déjà pris à partie l’administration Trump à ce sujet, a promis une nouvelle action en justice.

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Il a qualifié ce déploiement d’« abus de droit et de pouvoir » et expliqué que ces troupes avaient été « fédéralisées » et placées sous le contrôle du président républicain il y a des mois, malgré ses objections, en réponse aux troubles à Los Angeles où les militaires avaient été envoyés.

Le procureur général de l’Oregon, Dan Rayfield, a également déclaré que son Etat, ainsi que la ville de Portland et la Californie, cherchaient à obtenir une ordonnance de restriction temporaire contre le déploiement de troupes de la garde nationale.

« Ce qui était illégal hier l’est encore aujourd’hui », a déclaré M. Rayfield. « L’ordonnance de la juge n’était pas un simple détail procédural que le président pourrait contourner, comme le fait mon fils de 14 ans quand il n’apprécie pas mes réponses », a-t-il fustigé, ajoutant que l’Oregon « ne participera absolument pas à la tentative du président de normaliser l’utilisation de l’armée américaine dans nos villes ».

« Zone de guerre »

Les gardes nationaux, réservistes de l’armée, sont formés pour intervenir sur des catastrophes naturelles mais ils peuvent également combattre à l’étranger. Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité absolue de son second mandat depuis son retour à la Maison Blanche en janvier.

Plusieurs manifestations et actions contre la police américaine de l’immigration (ICE) ont eu lieu dernièrement, notamment dans les villes dites « sanctuaires » telles que Portland ou Chicago (Illinois), où les migrants en situation irrégulière et menacés d’expulsions sont protégés.

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Dimanche, le président américain, qui a dit vouloir mardi utiliser les militaires contre l’« ennemi de l’intérieur », a affirmé, sans preuves, que « Portland est en train de brûler. Il y a des insurgés partout ». Plusieurs responsables de l’Oregon qualifient cette description de ridicule. Selon Mme Kotek, la mobilisation contre ICE est limitée et localisée dans un seul pâté de maisons de la ville de 650 000 habitants.

Donald Trump menace d’envoyer des militaires également à New York ou Baltimore, d’autres grandes villes démocrates. Outre Los Angeles et Portland, le président républicain a déjà mis ses menaces à exécution dans la capitale américaine, Washington, à Memphis (Tennessee) et plus récemment à Chicago où, selon un décret signé samedi, 300 gardes nationaux doivent être envoyés afin de « protéger les agents et biens fédéraux ». L’administration Trump a décrit cette mégapole de l’Illinois comme une « zone de guerre ».

« Ce sont eux qui transforment cette ville en zone de guerre », a répliqué, dimanche, le gouverneur démocrate de l’Illinois, J. B. Pritzker, sur la chaîne CNN, décrivant de multiples raids et appelant au départ des troupes.

Le Monde avec AP et AFP

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