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Histoires Web dimanche, octobre 5
Bulletin

Le silence surprend lorsque l’on pénètre dans l’imposante salle n° 5 du tribunal judiciaire de Nantes. Les rangs épars du public aussi, où chacun se tient assis à distance de son voisin, comme en temps de Covid-19. Ici des accompagnants, souvent un parent retraité, quelques justiciables seuls, d’âges variés, un couple, trois robes noires et peu de représentants de créanciers.

A la barre, un homme, la cinquantaine, en blouson noir et baskets, s’exclame : « La banque me demande l’intégralité du paiement et pareil à mon ex-femme. Pour moi, c’est incompréhensible. » En jeu, un rachat de crédit impayé de 40 000 euros, et un empilement de dettes. « C’est la grosse arme des créanciers parce que vous avez contracté ces dettes au sein du mariage. Vous êtes donc mutuellement solidaires », le renseigne la juge, visage placide derrière des lunettes aux branches transparentes, qui masquent ses traits jeunes et fins. Elle le répétera patiemment à plusieurs débiteurs divorcés. Cette pratique légale permet aux créanciers de s’adresser aux deux conjoints simultanément pour être sûrs d’être remboursés du montant intégral de la dette.

Ce matin-là, comme deux fois par mois, Cécile Hénoux, juge des contentieux de la protection, va présider l’audience où défileront une quinzaine d’habitants de la région. La plupart sont venus lui demander de l’aide, pour recalculer ou suspendre leurs remboursements, contester une dette, obtenir son effacement, être protégé du harcèlement des créanciers et des huissiers. Mais aussi dire leur épuisement, leur honte ou leur colère. Certains sont assignés par un créancier parce qu’ils ont cessé de le rembourser, qu’ils ont caché du patrimoine ou parce qu’ils sont soupçonnés de mauvaise foi. Justificatifs sous les yeux, calculette au bout des doigts, la présidente aux cheveux bruns et créoles dorées épluche la vie matérielle de chacun.

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