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La contestation contre le président, Andry Rajoelina, reste vive mercredi 1er octobre à Madagascar, où un nouvel appel à manifester et désormais à la grève générale est lancé par le mouvement Gen Z, instigateur des protestations qui durent depuis près d’une semaine.

Dans la grande ville d’Antsiranana, une foule de plusieurs milliers de personnes défilait à la mi-journée en appelant au départ du président, a confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) une source locale dans le nord de cette île particulièrement pauvre de l’océan Indien.

A la mi-journée aussi, le centre d’Antananarivo était bouclé par les forces de l’ordre, mais la vie poursuivait son cours normal dans le reste de la capitale, a constaté une équipe de l’AFP.

La répression – ayant fait au moins 22 morts et des centaines de blessés d’après un bilan de l’ONU lundi – a durci le mouvement dont le mot d’ordre est désormais « Rajoelina, dégage ! » (« Miala Rajoelina ! »), à savoir le président malgache, arrivé une première fois au pouvoir en 2009 à l’issue d’un soulèvement populaire.

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Le renvoi du gouvernement annoncé lundi par le président ne « suffit pas », réagissait mardi auprès de l’AFP-TV un porte-parole du mouvement à l’université d’Antananarivo, préférant conserver l’anonymat par peur de représailles. « Nous demandons la démission du président », a-t-il clamé, visage dissimulé par un masque chirurgical.

Ancien maire d’Antananarivo, Andry Rajoelina, 51 ans, a été installé une première fois au pouvoir de 2009 à 2014 par les militaires après un soulèvement populaire. Il s’est ensuite fait élire en 2018 puis réélire en 2023 lors d’un scrutin contesté.

« Il est au pouvoir depuis seize ans, mais rien n’a changé, les conditions de vie des Malgaches se dégradent et empirent de jour en jour. Notre avenir s’assombrit », critiquait mardi un autre manifestant, coupe de cheveux et chemise soignées mais lui aussi masqué.

Un mouvement de contestation qui s’étend

Mercredi, les protestataires de la capitale sont convoqués dans le même quartier d’Ambohijatovo, où une dizaine de milliers de manifestants ont afflué la veille, selon le comptage d’une source sécuritaire. Une démonstration de force dispersée à grand renfort de gaz lacrymogènes et d’un véhicule blindé des forces de l’ordre.

Les revendications se sont encore étendues pour l’appel à manifester mercredi : la Gen Z demande dans un message sur les réseaux sociaux la dissolution du Sénat, de la Haute Cour constitutionnelle et de la commission électorale, ainsi qu’un procès contre l’homme d’affaires Many Ravatomanga, principal soutien financier d’Andry Rajoelina.

Le pape Léon XIV s’est dit mercredi « attristé par les nouvelles en provenance de Madagascar » et a appelé à la « promotion de la justice et du bien commun ».

Reprenant le drapeau pirate tiré du manga One Piece vu lors des contestations en Indonésie ou au Népal et baptisé en référence à la génération née avec l’an 2000, le mouvement Gen Z, très organisé sur les réseaux sociaux, a allumé une étincelle ayant embrasé le pays au-delà de la capitale.

Mardi, des défilés de centaines de personnes ont été signalés dans plusieurs grandes villes du pays comme Antsiranana (Nord), Toamasina (Est) et Toliara (sud).

Les conséquences économiques et sociales de la crise

Le mouvement appelle la fonction publique à « se joindre à la grève générale ». Le principal syndicat des inspecteurs du travail ainsi que la Société nationale de distribution d’eau et d’électricité (Jirama) ont annoncé se mettre en grève.

Les coupures incessantes d’eau et d’électricité, causées, selon les manifestants, par une mauvaise gestion du pouvoir, avaient déclenché le mouvement de ras-le-bol jeudi 25 septembre, quand des pillages généralisés ont été menés ensuite par « des gangs sans lien avec les manifestants », selon l’ONU.

Malgré ses immenses ressources naturelles, l’ancienne colonie française devenue indépendante en 1960 figure encore parmi les pays les plus démunis au monde. En 2022, près de 75 % de sa population vivait sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale. Par ailleurs, l’organisation Transparency International le place au 140e rang sur 180 dans son indice de perception de la corruption.

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Le Monde avec AFP

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