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Histoires Web mardi, septembre 30
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Construite en 1972 en lisière du quartier huppé de Ginza, à Tokyo, démolie en 2022, la tour-capsule Nakagin n’aura pas vécu la vie à laquelle on l’avait destinée. Agrégat de boîtes de béton, chacune percée d’une grande fenêtre ronde, que le théoricien américain Charles Jencks (1939-2019), en son temps, avait comparées à des « machines à laver géantes », ce totem était célèbre dans le monde entier. Il symbolisait le métabolisme japonais, courant technofuturiste qui connut son heure de gloire à l’Exposition universelle d’Osaka, en 1970, et dont les représentants, de Kenzo Tange (1913-2005), le grand maître de l’architecture japonaise de l’après-guerre, à Arata Isozaki (1931-2022), cherchaient à réinterpréter le brutalisme à la lumière de la biologie moléculaire.

Kisho Kurokawa (1934-2007), l’architecte de la tour Nakagin, avait pensé son projet comme un corps vivant dont les parties pouvaient être remplacées à mesure de leur dégradation : un squelette de béton et d’acier sur lequel les capsules – 140 au total, préfabriquées en usine, entièrement meublées et équipées de la technologie dernier cri – étaient comme clipsées, et que l’on pouvait, du même coup, aussi bien déclipser. Mais, comme c’est souvent le cas avec les architectures prototypiques, la maintenance n’a pas suivi, et le potentiel expérimental du projet n’a jamais été activé. Et, comme c’est souvent le cas avec l’architecture contemporaine, une fois que son état de délabrement a été considéré comme irrémédiable, la démolition s’est imposée, en 2022.

L’architecte Kisho Kurokawa devant la tour Nakagin, en 1974.

C’est d’autant plus regrettable que le courant métaboliste est resté, pour sa plus grande part, cantonné à la forme papier. Avec l’hôtel capsule d’Osaka (1979), également réalisé par Kurokawa, la tour Nakagin en était l’une des rares réalisations d’importance, ce qui lui conférait une valeur historique essentielle.

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