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Histoires Web lundi, septembre 29
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Il y a un mois, John (le prénom a été modifié), un Nigérian de 31 ans, vivait encore aux Etats-Unis, dans la ville de Chicago (Illinois), avec sa femme et ses quatre enfants. Aujourd’hui, il se cache dans une chambre d’hôtel à Lomé, la capitale togolaise, sans papiers d’identité, sans argent et à plus de 9 000 km de sa famille.

Expulsé vers le Ghana début septembre par les autorités américaines, il affirme avoir été « transféré clandestinement au Togo », jeudi 18 septembre, par des officiers des services ghanéens de l’immigration, avec trois autres ressortissants ouest-africains.

« Ils ne nous ont même pas fait passer par le poste-frontière, raconte John. Ils nous ont fait entrer par une voie détournée. » Un transfert que les autorités ghanéennes ont réitéré le lendemain avec deux autres migrants, sur les onze jusque-là détenus au Ghana, indiquent au Monde leurs avocats. Contactées, les autorités togolaises n’ont pas donné suite.

D’après Samantha Hamilton, avocate auprès d’Asian Americans Advancing Justice (AAAJ), organisation américaine qui œuvre au retour des ressortissants ouest-africains expulsés des Etats-Unis dans le cadre d’un accord migratoire avec le Ghana, ces transferts vers le Togo ont été opérés « par des voies non officielles », « des soldats ayant ordonné à certains des déplacés d’escalader une clôture métallique pour se rendre de l’autre côté de la frontière ».

« Je suis ici illégalement »

Abandonné par les officiers ghanéens, en situation irrégulière, dans un pays dont il ne parle pas la langue, le Nigérian est parvenu, avec l’aide de trois de ses compagnons également expulsés, à se procurer un téléphone. « Nous avons demandé à nos proches de nous réserver une chambre d’hôtel, puis d’envoyer de l’argent par Western Union à certains des employés qui nous le donnent ensuite », moyennant une commission.

Aujourd’hui, quand il ne reste pas dans sa chambre, sa seule activité consiste à descendre la rue, puis revenir. « Je suis ici illégalement et, à ma façon de m’exprimer, les gens comprennent vite que je suis étranger, explique-t-il. Je dois faire attention à qui je parle, comment je parle, où je vais, parce qu’on ne sait pas qui pourrait me dénoncer à la police qui, à coup sûr, me mettrait en prison. » Une détention qui pourrait déboucher sur une expulsion vers le Nigeria, où John risque, selon ses mots, « de [se] faire arrêter, torturer, tuer » pour son engagement politique passé.

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