Lentement, tranquillement. Le temps est l’allié secret de Nacera Belaza. Depuis sa première pièce, intitulée Périr pour de bon (1995), la chorégraphe, paradoxalement discrète et très présente dans le paysage du spectacle vivant, avance, creuse. Pas d’esbroufe ni d’éclats, mais toujours bien là avec sa danse ferme, nettoyée, que les coups de vent des tendances ne font pas trembler. « Je n’ai jamais répondu aux modes, ni à ce que l’on attendait de moi en tant que femme d’origine arabe, glisse-t-elle. Je cisèle et je maîtrise, ce que je fais de mieux en mieux, et mon travail infuse en douceur. »
Avec trois productions à l’affiche dans le cadre d’un focus spécial, Nacera Belaza, 56 ans, déploie son talent dans des espaces aux antipodes. Du Louvre, où déambulent Les Ombres, aux plateaux de théâtre, avec Untitled.1 – créé pour le Ballet de l’Opéra de Lyon –, et L’Echo, en duo avec la comédienne Valérie Dréville, qui repousse les limites du geste et du texte. Ces trois facettes se cimentent autour d’enjeux existentiels chers à Nacera Belaza. « Je crois que je demande au corps de résoudre des équations quasi métaphysiques, indique la chorégraphe. En studio, je me pose des questions, par exemple : “Comment conjuguer l’espace intérieur infini avec l’espace extérieur tout aussi infini ?” Et ce ne sont pas que des idées, cela se matérialise lorsqu’on habite à l’intérieur de soi. »
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