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Livre. Les croyances autochtones peuvent-elles offrir des issues crédibles pour sortir des impasses du monde contemporain ? Dans Terricide. Sagesse ancestrale pour un monde alterNATIF (Des Femmes-Antoinette Fouque, 160 pages, 15 euros), Moira Millan, militante mapuche, un peuple premier d’Argentine et du Chili, esquisse une réponse à cette question : dans un récit qui mêle son histoire personnelle à celle de l’oppression de son peuple, elle aborde les grandes urgences de notre époque comme la catastrophe climatique.

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Pour l’autrice, le dérèglement climatique met en jeu notre salut à plus d’un titre. Bien vivre et survivre exige, selon elle, de rompre la relation dévastatrice que plusieurs siècles d’exploitation des ressources naturelles, des animaux et d’autres humains ont instaurée avec l’« ordre cosmique ».

Moira Millan estime que l’adoption de la spiritualité des peuples autochtones de l’Amérique latine est une solution à la destruction de « la vie sous toutes ses formes ». Elle relève le défi de montrer que cette spiritualité n’est ni de la pensée magique, ni du « tourisme chamanique (…) pour les riches », mais une approche en communion avec la nature. Une démarche pouvant déstabiliser le lecteur, car elle valorise des savoirs longtemps dénigrés par la conception de la rationalité en Occident. L’autrice appelle ainsi à prendre conscience de notre « réalisme appauvri » – à savoir, la réduction du monde à ce qui est visible et logique, ignorant que les humains sont des êtres enracinés dans un cosmos d’interdépendances vivantes.

Raviver la mémoire collective

Millan défend l’universalité de cette spiritualité pour alimenter la résistance politique. Elle applique d’abord le principe mapuche du bien vivre, empli de « respect, de réciprocité et d’amour bienveillant avec toutes les vies et les forces vitales existantes », à l’organisation concrète d’une union solidaire contre la pollution des rivières, les violences policières ou encore les restrictions imposées à l’éducation et à la médecine traditionnelles. Issue d’un peuple nomade non hiérarchique frappé par l’annihilation culturelle, elle plaide pour une reconnexion aux terres ancestrales afin de raviver la mémoire collective et de reconstruire son identité perdue.

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