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Histoires Web samedi, septembre 20
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Les troubles psychiques touchent un Français sur cinq. Et continuent de pâtir d’idées reçues. Ce matin, devant un public réuni au Festival du Monde, le débat, animé par la journaliste Isabelle Hennebelle, s’est porté sur la grande cause nationale 2025 : la santé mentale.

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Dans l’auditorium du Monde, lumière tamisée, tapis rouge et bleu façon persan, quatre fauteuils gris alignés sur scène : le décor ressemble à un salon. « Le constat est sombre », annonce d’emblée Jean-Victor Blanc, psychiatre à l’hôpital Saint-Antoine. Les premiers chiffres frappent : 13 millions de personnes présentent un trouble psychique chaque année en France. À ses côtés se tient Maëva Musso, pédopsychiatre et présidente de l’Association des jeunes psychiatres. Pour elle, l’enjeu est collectif : « Il faut arrêter d’individualiser les troubles. » La psychiatre insiste sur « les guerres, le climat, les violences sociales », premières causes de souffrance psychique.

Très vite, la discussion s’angle sur le stigmate. Faut-il parler publiquement de sa maladie ? « Oui, mais pas avec n’importe qui », prévient Jean-Victor Blanc. Selon lui, Lady Gaga peut dire « je suis bipolaire » sans risque. « Mais pour quelqu’un qui travaille dans une cantine, par exemple, l’annonce peut conduire au licenciement », soupire le psychiatre.

« Personne n’en parle »

En France, la stigmatisation reste forte. La prise de parole de Nicolas Demorand, le 26 mars sur France Inter, « je suis un malade mental, je ne veux plus le cacher », avait marqué les auditeurs. Le succès de son livre Intérieur Nuit (Les Arènes) se mesure aux milliers d’exemplaires vendus.

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« Toutes les personnes atteintes le vivent mais personne n’en parle », lâche Lauren Bastide. Journaliste et autrice du livre Enfin seule (Allary éditions), elle établit un parallèle avec le mouvement MeToo apparu en 2017. Des femmes ont pris la parole, d’autres ont parlé à leur tour. « Il en va de même pour les troubles psychiques : nommer son trouble, c’est créer un espace pour les autres. » Elle rappelle, notamment, que la dépression post-partum est restée taboue pendant des années : « Aujourd’hui, des jeunes mères peuvent dire “Je ne vais pas bien”, et être entendues. » Dans le public, certains se regardent et acquiescent.

Nommer son trouble n’a pas été facile pour Alice Devès. La cofondatrice de Petite Mu, un site dédié au handicap invisible, raconte le choc de son diagnostic. A 24 ans, la jeune femme apprend qu’elle est atteinte de sclérose en plaques. « Le plus dur n’est pas la maladie elle-même mais l’absence d’aménagement. Mon énergie n’est pas celle d’une personne valide », dit-elle. Avant d’ajouter : « Je dois toujours en faire plus. »

Stigmatisation

Le temps des questions avec le public arrive. Daniel Chatelain, spectateur diagnostiqué bipolaire, lance : « Je vous pose la question, mais j’ai la réponse. » Il énumère aussitôt une flopée de chiffres concernant la santé mentale des Français. Puis se rassoit. Un autre propose de parler de « santé du cerveau » plutôt que de « santé mentale ». La pédopsychiatre Maëva Musso répond que cette approche sémantique ne réduit pas pour autant la stigmatisation.

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A la sortie, les impressions se croisent. Thomas Spinner, 21 ans, regrette que le sujet, vaste, ait été abordé trop rapidement. « En une heure et demi, beaucoup de thèmes ont été évoqués », pointe-t-il. « Certaines réflexions n’ont pas été assez poussées. » Il aurait également souhaité « plus de solutions concrètes », notamment pour les jeunes, présents dans la salle.

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Un détail remarqué par Carolane Augere, étudiante : malgré un public majoritairement adulte, la jeunesse est venue en nombre. Elle s’est dit « enrichie » par les débats car « les sujets comme la santé mentale au travail concernent nos générations ». A en croire les témoignages, stigmatiser la santé mentale sera bientôt d’un autre âge.

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