Meilleures Actions
Histoires Web samedi, septembre 20
Bulletin

Elle voudrait que quelqu’un vienne nettoyer les taches brunâtres qui constellent le pallier et le mur extérieur de son logement. Elle n’en peut plus de les voir à chaque fois qu’elle franchit le seuil de chez elle, mais elle n’arrive pas à le faire elle-même. Depuis le 8 septembre, quand le soir tombe, elle ne tient pas en place, elle a besoin d’être ailleurs, ailleurs que dans sa maison où elle a entendu, ce jour-là, un cri déchirant. Elle a tout de suite dit à sa fille d’appeler la police, puis a tambouriné à la porte d’Inès Mecellem, 25 ans, la gentille et discrète travailleuse sociale qui vivait de l’autre côté de sa cloison. Elle a entendu des frottements et des gémissements. Elle a tapé encore plus fort sur la vitre : « Ça va, Inès ? Inès, ouvre ! » Un homme a fini par en sortir, un couteau à la main. Il l’a bousculée, s’est échappé dans la rue en contrebas.

Inès gisait au sol, encore consciente, dans une mare de sang. « Il y en avait tellement, je ne savais pas quoi faire, je n’ai pas osé toucher ses plaies », s’excuserait-elle presque en triturant nerveusement la bague autour de son index, les yeux embués. La voisine crie à sa fille qu’il faut une ambulance, vite, que c’est grave. Inès respire très fort, s’enfonce. Elle lui tient la main et tente de la retenir. « C’est bon, Inès, ça va aller, les secours arrivent. » La police d’abord, puis les urgentistes. Ils se battent, la transfusent, font tout pour la ramener. « 18 h 15 », dit un soignant : l’heure du décès d’Inès, tuée le 8 septembre, par Habib, son ex-compagnon, qu’elle avait quitté quatre mois plus tôt et contre lequel elle avait déposé cinq fois plainte en six semaines au commissariat de Poitiers.

Il vous reste 88.69% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.