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Histoires Web jeudi, septembre 18
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Livre. Les électeurs occidentaux sont aujourd’hui emportés par une vague nationaliste, séduits par la rhétorique des populistes. Ces derniers « parlent au nom du peuple pour dénoncer les élites (politiques, médiatiques ou culturelles) dont ils font par ailleurs eux-mêmes partie », observe l’historien Gérard Noiriel, dans Le Peuple français. Histoire et polémiques (Tallandier, 304 pages, 21,90 euros), un ouvrage destiné à comprendre les ressorts du déclinisme.

A lire l’auteur, le peuple français semble moins submergé par l’immigration ou l’« islamo-wokisme » que par le mépris de classe des « premiers de cordée » vis-à-vis des « gens qui ne sont rien », selon les mots d’Emmanuel Macron. Particulièrement bien résumée dans ce livre de pédagogie critique, la chronologie des révoltes populaires montre que le peuple français n’a cessé de se rebiffer contre les privilèges, taxes et impôts, des jacqueries du XIVe siècle à celui des « gilets jaunes », en 2018.

Depuis 1789, acte de naissance de la nation française fondée sur la souveraineté populaire, le mépris de certaines élites pour le peuple ne peut plus se fonder sur sa nature supposée inférieure, mais sur sa culture et ses mœurs. « Les Barbares qui menacent la société ne sont point au Caucase ni dans les steppes de la Tartarie : ils sont dans les faubourgs de nos villes manufacturières ! », s’exclame en 1831 l’académicien et député Saint-Marc Girardin (1801-1876), comme un écho aux propos que l’on entend aujourd’hui sur les cités ou certains mouvements sociaux.

Egalité politique

La principale secousse qui ébranle la République depuis son avènement repose sur une contradiction sociale, analyse l’auteur. Dans un pays aussi étendu que la France, la démocratie ne peut être directe, mais les représentants du peuple sont majoritairement issus des classes privilégiées – sur 577 députés, il n’y a eu que six ouvriers élus en 2024, alors que cette catégorie sociale représente 20 % de la population active. Un écart qui agrandit la domination symbolique et accroît le ressentiment, carburant des populistes. Gérard Noiriel rappelle ainsi que les élites économiques et politiques qui déplorent aujourd’hui la désindustrialisation de la France sont celles qui ont justifié les démantèlements des usines et les délocalisations dans les années 1970-1980.

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