Et si l’avenir du quantique ne se jouait pas seulement dans les laboratoires ou dans les start-up, mais dans l’espace fragile où les deux se rencontrent ? Trop souvent, on pense la science et l’entrepreneuriat comme deux mondes séparés, alors que notre expérience montre que c’est dans leur chevauchement que naît l’innovation la plus féconde.
L’entrepreneuriat scientifique est aujourd’hui un vecteur-clé d’innovation dans des domaines comme le quantique, où la frontière entre recherche fondamentale et applications industrielles est désormais particulièrement fine. De nombreuses start-up émergent ainsi directement des laboratoires académiques.
Mais, lorsque celles-ci deviennent opérationnelles et engagent des programmes de recherche appliquée matérialisés notamment par des publications de qualité dans des revues à comité de lecture, leurs animateurs, à la fois chercheurs et entrepreneurs, sont confrontés à un dilemme : sur quoi leur laboratoire doit-il se concentrer pour continuer à prospérer, être attractif et travailler en conformité avec sa mission d’intérêt général ? Comment éviter la duplication des efforts avec leur entreprise, tout en construisant une véritable complémentarité stratégique, en prévenant les conflits d’intérêts potentiels et en garantissant l’ouverture vers d’autres sociétés ?
Logique de boîte à outils
Le rôle du laboratoire est de produire des connaissances fondamentales, d’explorer des idées à long terme et de former la prochaine génération de talents scientifiques. Dans le quantique, cela signifie, par exemple, imaginer de nouvelles architectures de calcul, de nouveaux matériaux, de nouvelles méthodes de détection.
Ces innovations ne répondent pas à un besoin commercial ou à une application immédiate. C’est pourquoi la vitalité de la recherche publique est essentielle : elle constitue le terreau des start-up de demain. Celles-ci naissent souvent sur la base de choix scientifiques et technologiques assurant la fabricabilité et le passage à l’échelle à un instant donné. Mais, dix ans plus tard, la science et l’ingénierie ont évolué : revenir périodiquement sur ces hypothèses ouvre la possibilité d’options meilleures. Le laboratoire peut ainsi identifier des ruptures potentielles que l’entreprise n’a ni le temps ni la mission d’explorer.
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