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Histoires Web lundi, septembre 15
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L’économie américaine arrive à un carrefour dangereux. La Réserve fédérale (Fed), qui se réunit les 16 et 17 septembre, se retrouve face à des injonctions statistiques contradictoires et à une pression politique d’une rare intensité. Tandis que le président de l’institution, Jerome Powell, subit les foudres de Donald Trump pour ne pas baisser les taux d’intérêt suffisamment vite, les nuages s’amoncellent au-dessus de la première économie mondiale du fait même de la politique menée par le président américain.

Même si le taux de chômage reste bas, le marché de l’emploi subit un net ralentissement depuis plusieurs mois. En août, les secteurs de l’industrie, de la construction et de l’énergie ont commencé à détruire des emplois. Parallèlement, sur le front de l’inflation, la situation se dégrade également. Les prix à la consommation ont augmenté de 0,4 % en août et de 2,9 % sur l’année écoulée, bien au-delà des 2 % que s’est fixés la Fed.

Comme prévu par les économistes, les droits de douane instaurés sur les importations américaines par Donald Trump commencent à diffuser leurs effets dans l’économie.
Les entreprises déclarent avoir épuisé les stocks accumulés avant les mesures douanières de M. Trump et commencent à répercuter la hausse de leurs coûts sur leurs clients. Ce mouvement devrait s’amplifier dans les mois qui viennent, au fur et à mesure de l’entrée en vigueur des accords commerciaux signés par le président américain.

Cette situation plonge la Fed dans la plus grande circonspection. Baisser trop rapidement les taux d’intérêt pour soutenir un marché du travail flageolant pourrait accélérer la poussée de l’inflation et la rendre incontrôlable. Fin août, Jerome Powell a néanmoins ouvert la porte à une possible baisse des taux dès cette semaine. La sagesse lui commanderait de ne pas aller plus loin dans les mois qui viennent, malgré l’insistance de Donald Trump à le faire.

Rien n’indique à ce stade que le loyer de l’argent est trop haut. La consommation se maintient, l’inflation repart à la hausse, l’afflux de capitaux sur le marché boursier américain a propulsé les valorisations à des sommets, le capital-risque afflue vers les entreprises technologiques non rentables et la croissance du crédit se maintient. Quant au ralentissement du marché de l’emploi, il n’a rien de surprenant compte tenu de la faiblesse de l’offre de travail provoquée par le durcissement de la politique migratoire actuelle. En contribuant aux pénuries de main-d’œuvre, celle-ci menace de faire grimper les salaires et les prix dans l’agriculture, la construction et l’hôtellerie-restauration.

Donald Trump ne peut pas exiger de la Fed de corriger les effets de bord de sa politique économique. En défiant les équilibres macroéconomiques, le président des Etats-Unis a aggravé le dilemme que la banque centrale doit désormais trancher. Le rôle de celle-ci n’est pas de stimuler la croissance pour donner l’illusion que les impulsions de la Maison Blanche vont dans le bon sens, mais de maîtriser l’inflation tout en maximisant l’emploi.

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La pression qu’il exerce actuellement sur la Fed fragilise l’indépendance de l’institution tout en risquant de provoquer un emballement sur les prix et une bulle spéculative alimentée notamment par les investissements dans l’intelligence artificielle. Trump devrait se rappeler qu’il a été élu, en partie, grâce à l’aversion des électeurs à l’inflation. La stimuler pour des raisons purement politiques pourrait causer de graves dommages à l’économie.

Le Monde

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