Flo, à Clermont-Ferrand : « Ils nous voient comme des gauchistes qui sont là juste pour foutre le bordel, donc je trouve ça bien d’aller au contact pour expliquer nos revendications »
7 heures sur le rond-point de la zone industrielle du Brézet, à Clermont-Ferrand. Ils sont une petite cinquantaine, et un autre groupe au rond-point dit « des Pistes ». L’ambiance est relativement calme. La tentative de bloquer les axes est vite abandonnée face aux sommations des forces de l’ordre, qui ne tardent pas à faire usage de gaz lacrymogènes, à plusieurs reprises.
Flo (il n’a pas souhaité donner son identité), 34 ans, archéologue de métier, tente d’échanger avec un policier : « De base, on a rien contre vous. Si vous étiez avec nous, on gagnerait cette lutte en deux jours. Je suis fonctionnaire comme vous. Vous aussi vous êtes victimes de la politique de Macron et de ce budget qu’ils tentent de faire passer en force. »
Le policier en face : « Vous croyez que ça nous amuse de jouer au chat et à la souris, vous croyez pas qu’on a plus important à faire ? Je vais vous dire : avant j’étais en région parisienne, au lendemain du Bataclan on nous prenait dans les bras et maintenant vous criez “tout le monde déteste la police”. Moi aussi j’ai deux gosses, moi non plus je paye pas l’ISF [impôt sur la fortune]. On vous demande de vous disperser, donc à vous de voir. Après, du gaz va être dispersé. »
Flo n’en est pas à sa première manifestation. Récemment il était sur l’A69. Il explique profiter des moments statiques pour tenter d’établir une discussion avec les forces de l’ordre : « Ils nous voient comme des gauchistes, qui sont là juste pour foutre le bordel, donc je trouve ça bien d’essayer d’humaniser et d’aller au contact pour expliquer nos revendication concrètes », dit celui qui les côtoient au quotidien à la cantine des fonctionnaires.
Il se dit un peu mitigé sur la suite du mouvement : « J’ai posé un jour de grève parce que je peux me le permettre, mais pour les gens à 1 600 euros par mois, c’est compliqué. » Lui suggère des rendez-vous réguliers les samedis, comme pendant les « gilets jaunes », pour permettre aux familles et aux travailleurs précaires de se mobiliser.
Les manifestants se dispersent et avancent au pas, dans le calme, suivi par les policiers et quelques tirs de lacrymogène provoquant des arrêts et des larmes. Une petite grappe prend la direction de la zone commerciale Galerie Saint-Jean, espérant tenter une action, suivie par les policiers. Premier arrêt devant l’Intermarché « tous unis contre la vie chère ». Les policiers se positionnent devant la galerie empêchant toute tentative d’action. Pareil devant Leroy Merlin.
La vie de la zone commerciale se poursuit : les portes automatiques continuent d’avaler les chalands, les mamies de pousser leurs chariots, les automobilistes de chercher à se garer. A 9 heures, les manifestants se dispersent. Rendez-vous est donné place du 1er-Mai pour la deuxième partie de la journée : tenter d’installer une zone d’occupation temporaire.
