Donald Trump a décidé de rebaptiser le département de la défense « département de la guerre », car, sous ce nom, en vigueur jusqu’à 1947, les Etats-Unis « gagnaient tout », dit-il. Ce volontarisme est malheureusement loin d’être évident à propos de la guerre russe en Ukraine.
Les partenaires européens des Etats-Unis en ont encore fait la pénible expérience, jeudi 4 septembre, au cours d’une longue conversation téléphonique avec le président américain, assisté de son vice-président, J. D. Vance. Organisé de Paris à l’issue d’une réunion hybride des dirigeants de la coalition des volontaires, qui regroupe 35 pays prêts à soutenir la défense de l’Ukraine en cas d’accord de paix avec Moscou, cet entretien visait essentiellement à arracher à Donald Trump l’assurance d’un engagement concret de la puissance militaire américaine en appui de l’effort européen.
Une fois de plus, le président américain a hésité à franchir le pas, préférant manifester sa mauvaise humeur sur l’Europe et la Chine. S’il s’est montré « très clair », selon Emmanuel Macron, sur son intention de soutenir les garanties de sécurité que les Européens sont prêts à fournir à l’Ukraine, il n’a pas précisé la manière concrète dont ce soutien se traduirait sur le terrain. Ceci relève de la « planification », qui reste à « finaliser » dans « les jours qui viennent », a précisé le président français devant la presse.
On ne peut pas reprocher aux Européens, y compris au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, présent à Paris, d’avoir ménagé leurs efforts pour amener Donald Trump dans leur camp. Après le désastreux sommet russo-américain du 15 août, en Alaska, où Donald Trump a déroulé le tapis rouge à Vladimir Poutine et levé sa menace de sanctions sans contrepartie, ils ont fait le voyage en groupe à Washington le 18 août, solidaires, pour le convaincre d’adopter une attitude plus ferme. Il fallait ensuite maintenir la pression sur Washington ; c’était l’objet de la réunion de jeudi à Paris.
D’abord l’arrêt des combats
La coalition des volontaires a fait sa partie du chemin : 26 pays, a annoncé Emmanuel Macron, sont désormais « formellement engagés à déployer des troupes en Ukraine ou à être présents au sol, en mer ou dans les airs » pour aider à garantir la sécurité du pays, dans l’hypothèse d’un accord sur la cessation des hostilités. Volodymyr Zelensky a salué cette « première mesure concrète depuis longtemps ». Mais, a-t-il ajouté, « il est important que les Etats-Unis soient de notre côté ». C’est aussi l’avis de plusieurs pays européens, prêts à s’engager sur le principe mais réticents à préciser leur contribution sans certitude sur la réalité du soutien américain.
Il faut donc poursuivre ce travail de Sisyphe avec un président américain imprévisible. Le problème essentiel, cependant, demeure : trouver d’abord un accord sur l’arrêt des combats en Ukraine quand le principal protagoniste, Vladimir Poutine, ne donne aucun signe en ce sens. Au contraire, peu après la réunion de Paris, le Kremlin a fait savoir que la Russie était « absolument » opposée aux garanties de sécurité proposées par les alliés de l’Ukraine et a accusé les Européens d’« entraver » le règlement du conflit. Après avoir marqué un point en Alaska, le président russe en a marqué un autre en Chine cette semaine, aux côtés du président Xi Jinping. Il n’est pas d’humeur à négocier la fin de sa guerre en Ukraine. Donald Trump va-t-il enfin exécuter sa menace de sanctions contre la Russie ? Là, en réalité, est la question centrale à ce stade.