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Chaque semaine un peu plus, Donald Trump détricote ce qui fit la force et la singularité de la démocratie américaine depuis la seconde guerre mondiale. Il insulte ses alliés historiques – à commencer par les Européens – et tend les bras aux ennemis d’autrefois de son pays. Il piétine l’indépendance des institutions et lamine les contre-pouvoirs. En économie, il instrumentalise les échanges commerciaux pour racketter ses partenaires. Dans une confusion des genres aussi brutale qu’opportuniste, il se mêle de la vie des entreprises comme aucun de ses prédécesseurs n’avait osé le faire auparavant.

Le 22 août, il a ainsi annoncé que l’Etat américain allait détenir 10 % du capital du géant des microprocesseurs Intel, après être devenu le principal actionnaire de l’exploitant de terres rares MP Materials. Le 26 août, son secrétaire au commerce, Howard Lutnick, laissait entendre qu’il pourrait en faire de même avec certains groupes du secteur de la défense, et que le président américain ne se posait aucune limite en la matière. Certes, la graine germait depuis quelque temps, déployant déjà ses racines sous le mandat de Joe Biden. Mais, désormais, c’est une certitude : sous l’impulsion de Donald Trump, le régime politique et le capitalisme américains – les deux sont indissociables – sont en train de muter.

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Dorit Geva, professeure de science politique à l’université de Vienne, spécialiste des droites radicales, qualifie ce moment de « post-néolibéral ». Pas au sens où le néolibéralisme serait enterré. Il est toujours vivant, explique-t-elle, mais il s’est reconfiguré, avec un retour de l’Etat, non pas pour renforcer la redistribution et les biens sociaux, mais pour servir une poigne autoritaire, porteuse de valeurs conservatrices et ethnonationalistes.

Populisme autoritaire

L’un des laboratoires de ce post-néolibéralisme, dont la cristallisation est aujourd’hui portée par l’extrême droite, est la Hongrie, que Dorit Geva a étudiée de près. Le régime de Victor Orban maintient une politique promarché, mais dans le cadre d’un projet autoritaire et xénophobe, dont les mesures de soutien à la consommation sont mâtinées de natalisme – avec, par exemple, des aides au logement conditionnées au nombre d’enfants.

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