Une houle cyclonique, phénomène « atypique » en période estivale, a commencé à déferler mardi 26 août sur le littoral français avec des vagues dépassant, par endroits, 4 à 5 mètres de hauteur, selon Météo-France.
Cette houle, causée dans l’Atlantique par l’ouragan Erin, qui a menacé la côte orientale des Etats-Unis la semaine dernière, est renforcée par de forts coefficients de marée et pourrait durer, après une atténuation mercredi, jusqu’à vendredi.
A 18 heures, une bouée enregistrant la hauteur de la houle, située 7 kilomètres au large du Cap Ferret (Gironde), « a mesuré un maximum de 5,4 mètres », a décrit à l’Agence France-Presse (AFP) Laurent Perron, directeur interrégional Sud-Ouest de Météo France. Par ailleurs, « avec une période de 17 secondes entre deux vagues, on a affaire à une houle qui est très énergétique, et donc susceptible de faire des dégâts sur le littoral, sur le cordon dunaire ou les installations sur les plages. C’est énorme et inhabituel pour cette saison », a assuré le prévisionniste.
A Lacanau (Gironde), le drapeau rouge a été hissé et la plage évacuée. « C’est la première fois qu’on voit des vagues aussi fortes l’été », a constaté Hervé Keraval, originaire du département, venu avec son épouse « profiter du phénomène magnifique et spectaculaire ». « Le contraste est très fort avec les conditions d’hier matin, où il y avait très peu de vagues », a-t-il relevé.
Dans la cité balnéaire, tout comme à Mimizan ou Biscarrosse (Landes), la baignade et certaines activités nautiques ont été interdites sur tout ou partie des plages.
Des sacs de sable en guise de protection
À Biarritz, le drapeau rouge a aussi été hissé malgré la forte fréquentation estivale. Vers 16 h 30, les sauveteurs ont annoncé par haut-parleur l’évacuation de la plage et de la promenade attenante, où se trouvaient des milliers de personnes, a constaté une journaliste de l’AFP. Devant la plage centrale de la cité balnéaire, le casino et la piscine municipale ont été protégés par des sacs remplis de sable. « C’est la première fois que ce dispositif de vagues de submersion (…) est déployé en été », reconnaît Michel Laborde, adjoint au maire chargé du littoral. « Et c’est donc la première fois qu’on est confrontés à autant de monde à gérer. »
Météo-France a placé mardi six départements, de la Bretagne à la frontière espagnole, en vigilance jaune vague-submersion : les Côtes-d’Armor, le Finistère, la Charente-Maritime, la Gironde, les Landes et les Pyrénées-Atlantiques.
Des vagues dépassant 6 mètres ont été enregistrées au large du Finistère et de 4,7 mètres à Noirmoutier (Vendée). « Cela va baisser lentement [dans la nuit de mardi à mercredi]. On pourra avoir de nouveau une houle assez forte vendredi mais comme les coefficients de marée seront plus bas, le risque de submersion marine diminuera », a précisé Laurent Perron.
La préfecture maritime de l’Atlantique a également lancé un « message de prudence » face à ce phénomène « atypique » en plein été, redoutant « que les usagers de la mer sous-estiment la situation », et a rappelé que le numéro d’appel d’urgence gratuit pour le sauvetage en mer est le 196.
Alerte maximale aux baïnes
En outre, une alerte maximale aux baïnes, ces courants d’arrachement dangereux pour les baigneurs, a été émise mardi et mercredi sur tout le littoral du Sud-Ouest.
Sur ce littoral très soumis à l’érosion, les vagues et les marées, plages et dunes reculent chaque année de plusieurs mètres par endroits. Et ce phénomène naturel, autrefois limité à l’hiver, tend à devenir permanent, par exemple sur la réserve du banc d’Arguin (Gironde), langue de sable longue de quatre kilomètres à l’entrée du Bassin d’Arcachon.
Cet écosystème fragile, où nichent de nombreux oiseaux, face à la célèbre dune du Pilat, est en « érosion permanente depuis trois ans » et risque de souffrir du fait de « la puissance des vagues », a jugé Benoît Dumeau, conservateur de la réserve naturelle.
Dans le Morbihan, les sauveteurs de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) avaient fait état, mardi, d’une « nuit chaotique » à Belle-Île, où trois voiliers « ont rompu leur mouillage suite à une forte houle » et ont été projetés sur les rochers vers 3 heures. « Aucun blessé n’est à déplorer (…) et les dégâts ne sont que matériels », a précisé la SNSM.