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Né en 1946 à Poilley (Manche), historien et philosophe, Marcel Gauchet a été directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et rédacteur en chef de la revue Le Débat (1980-2020), qu’il a fondée avec l’historien Pierre Nora. Elève du philosophe Claude Lefort et jeune lecteur de Socialisme ou Barbarie, Marcel Gauchet est devenu un homme de revues (Textures, Libre) et un spécialiste de la démocratie, à laquelle il a consacré les quatre volumes de L’Avènement de la démocratie (2007-2017).
Auteur d’ouvrages sur la sécularisation et la « sortie de la religion » dans notre modernité libérale, comme Le Désenchantement du monde. Une histoire politique de la religion (Gallimard, 1985), et d’analyses politiques (Macron, les leçons d’un échec. Comprendre le malheur français II, avec Eric Conan et François Azouvi, Stock, 2021), il a récemment publié Le Nœud démocratique. Aux origines de la crise néolibérale (Gallimard, 2024).
Comment avez-vous vécu le moment Mai 68 ? Et qu’est-ce qui sépare le bouillonnement intellectuel et politique de l’époque de la période contemporaine ?
J’ai vécu Mai 68 du côté de l’aile « spontanéiste » du mouvement, comme on disait alors par opposition aux léninistes de tout poil qui ne juraient que par l’« organisation ». Ce courant était minoritaire et éclaté, entre conseillistes, libertaires, situationnistes, mais il était uni par un point commun très fort : le refus du style totalitaire, qu’il soit communiste orthodoxe, trotskyste ou maoïste.
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