Une rentrée politique avec l’élection présidentielle en ligne de mire. Au premier jour de leurs universités d’été à Strasbourg, Les Ecologistes organisent jeudi 21 août, un grand rassemblement de toute la gauche, y compris mélenchoniste, dans l’optique de la présidentielle de 2027. « Sur l’unité pour 2027, je ne lâcherai rien », promet la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, qui entend bien mettre « la pression » sur tous les partis de gauche et fera un discours dans la soirée, juste avant le meeting commun.
Cet événement verra réunis sur la même scène Marine Tondelier, Olivier Faure, le patron des socialistes, ainsi que des responsables communiste, unitaire (ex-La France insoumise, LFI), « insoumis » et Place publique. Ce rassemblement fait suite à l’initiative lancée début juillet à Bagneux (Hauts-de-Seine) par Lucie Castets, l’éphémère prétendante à Matignon du Nouveau Front populaire (NFP), pour une candidature commune lors de la prochaine élection présidentielle, face au risque de voir arriver au pouvoir l’extrême droite.
Lucie Castets, également présente à Strasbourg, avait alors obtenu que le Parti socialiste, Les Ecologistes, Génération. s, Debout (le parti de François Ruffin) et L’Après (le parti des ex- « insoumis ») actent le principe d’un « projet commun » et d’un candidat commun pour 2027. Ils ont décidé notamment de se mettre d’accord sur les modalités de désignation du candidat fin 2025 et sur le choix du candidat « entre mai et octobre 2026 ».
« Il y aura deux offres politiques en 2027 » à gauche, assure Raphaël Glucksmann
Mais alors que le NFP avait réussi à rassembler la quasi-totalité de la gauche aux législatives après la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann ont jusqu’alors refusé toute participation à une nouvelle initiative unitaire, chacun préférant faire cavalier seul. La secrétaire nationale des Ecologistes se félicite donc de la venue de la députée « insoumise » Alma Dufour et du coordinateur de Place publique, Thierry Brochot, disant avoir la certitude que la position de Raphaël Glucksmann et de Jean-Luc Mélenchon sera de plus en plus difficile à tenir.
Et pourtant, le leader de Place publique insiste dans un entretien publié mercredi par Mediapart : « Il y aura deux offres politiques en 2027 » à gauche « qui ne sont pas solubles l’une dans l’autre », déclare-t-il, rappelant son opposition à Jean-Luc Mélenchon sur sa « vision de la France, de l’Europe, du monde », de « la démocratie comme du débat public ».
Dans une interview à Libération diffusée jeudi, Marine Tondelier déplore ces « petits jeux d’appareils ». « Notre boussole, à tous, doit être l’antifascisme, prévient-elle. Regardez ce qu’il se passe dans le monde, où de grandes démocraties basculent une par une. La France fait partie des prochains dominos qui peuvent tomber. Et si la France tombe, c’est l’Europe qui vacille ».
Pour elle, « le gros défi » pour la gauche et Les Ecologistes, « c’est de faire mentir les promesses de défaites qui nous sont faites ». Elle assure que depuis juillet la gauche unitaire est « au travail » sur le programme, sur les conventions thématiques de la rentrée et sur l’organisation de la primaire en elle-même. Elle estime par ailleurs que Les Ecologistes « n’ont pas vocation à être uniquement les gentils organisateurs de l’union » et présenteront « une candidature forte à cette primaire », laissant peu planer le suspense sur sa propre personne.
Un autre rassemblement prévu, sans les « insoumis »
« Pourquoi nous avons fait le NFP ? Parce que le danger de voir arriver Jordan Bardella [président du Rassemblement national] à Matignon était imminent. Qui peut sincèrement penser que nous aurions, en 2025, en 2026 et 2027, davantage le luxe de la division qu’en 2024 ? », argumente encore Marine Tondelier, plaidant aussi pour des rassemblements larges en cas de législatives partielles anticipées et pour les élections municipales de 2026.

Mais pour cette échéance, lors de laquelle Les Ecologistes espèrent conserver les villes gagnées en 2020 et en conquérir d’autres avec le reste de la gauche, les tensions sont parfois fortes localement avec les partenaires socialistes ou « insoumis ».
Cette ode à l’union risque de se voir malmenée dès vendredi, aux universités d’été de LFI à Châteauneuf-sur-Isère (Drôme) avec le discours, toujours très attendu, de Jean-Luc Mélenchon, déjà lancé dans sa quatrième campagne présidentielle.