Le gouvernement ougandais a annoncé, jeudi 21 août, avoir conclu un accord avec Washington pour accueillir des « ressortissants de pays tiers qui pourraient ne pas obtenir l’asile aux Etats-Unis » – nouvel épisode d’une vaste campagne américaine pour envoyer des migrants présents sur son sol vers d’autres pays.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, son administration a négocié plusieurs accords critiqués qui lui ont déjà permis d’envoyer des étrangers vers le Soudan du Sud, l’Eswatini ou le Salvador – pays dont ils n’étaient souvent pas originaires.
« Dans le cadre de la coopération bilatérale entre l’Ouganda et les Etats-Unis, un accord de coopération pour l’examen des demandes de protection a été conclu », a déclaré dans un communiqué le secrétaire permanent du ministère des affaires étrangères ougandais, Vincent Bagiire, précisant que les modalités doivent encore être détaillées et qu’il s’agit d’un « arrangement temporaire assorti de conditions ». Les conditions sont : « L’exclusion des personnes ayant un casier judiciaire et des mineurs non accompagnés. »
Une priorité absolue
« Cet accord concerne les ressortissants de pays tiers qui pourraient ne pas obtenir l’asile aux Etats-Unis, mais qui hésitent ou pourraient avoir des inquiétudes quant à un retour dans leur pays d’origine », a dit Vincent Bagiire. Il ajoute qu’il est préférable « que les personnes originaires de pays africains soient celles transférées vers l’Ouganda ».
L’Ouganda est dirigé d’une main de fer depuis près de quarante ans par M. Museveni et la répression s’aggrave à l’approche de l’élection présidentielle en janvier 2026. Egalement connu pour sa politique ouverte vis-à-vis des demandeurs d’asile, le pays d’Afrique de l’Est compte environ 1,7 million de réfugiés sur son sol, « la plus grande population de réfugiés en Afrique » selon l’ONU qui a noté une augmentation « significative » des arrivées en 2024, principalement en raison du conflit au Soudan.
Le président américain a fait de la lutte contre l’immigration clandestine une priorité absolue, promettant la plus grande campagne d’expulsion de l’histoire des Etats-Unis. D’après une analyse menée par l’Agence France-Presse à partir de données officielles, le nombre d’immigrés envoyés dans des centres de rétention aux Etats-Unis – préalable à leur expulsion – a atteint un record, avec plus de 60 000 individus détenus en juin, dont 71 % ne disposaient d’aucun casier judiciaire.
Autres accords
D’autres pays ont déjà reçu des migrants expulsés des Etats-Unis : huit d’entre eux ont été pris en charge en juillet par le Soudan du Sud, parmi lesquels un seul était originaire de ce pays. Le Rwanda a annoncé début août qu’il accueillerait jusqu’à 250 personnes expulsées des Etats-Unis, dans le cadre d’un accord conclu avec Washington.
Cinq personnes en situation irrégulière aux Etats-Unis et originaires de pays d’Asie ou des Caraïbes ont aussi été expulsées en juillet vers l’Eswatini – petit pays d’Afrique australe. L’administration Trump a expliqué que leurs propres pays refusaient d’accueillir ces « criminels ».
En mars, 252 ressortissants vénézuéliens avaient été expulsés vers le Salvador, la plupart pour appartenance présumée au gang vénézuélien Tren de Aragua. Ils ont été incarcérés dans une prison de haute sécurité connue pour la dureté de ses conditions. Tous ont été rapatriés mi-juillet au Venezuela, après un accord entre ce pays et les Etats-Unis. Selon la capitale Caracas, seuls 20 d’entre eux avaient un casier judiciaire, dont sept pour des infractions graves, et « aucun n’était lié au Tren de Aragua ».