Pour le cinquième soir de suite, des heurts ont éclaté entre manifestants et police en Serbie, samedi 16 août, les deux camps se rejetant la responsabilité de ces violences qui interviennent après plusieurs mois de mouvement anticorruption.
A Valjevo, ville au centre du pays des Balkans où des milliers de manifestants s’étaient réunis, un petit groupe d’hommes masqués ont mis le feu à des locaux vides du Parti progressiste serbe (SNS) du président nationaliste Aleksandar Vucic.
Ils ont ensuite affronté la police, lançant des pierres et des engins pyrotechniques vers les forces de l’ordre qui ont répliqué avec des grenades assourdissantes et du gaz lacrymogène. Des heurts ont également éclaté à Belgrade, lorsque la police a bloqué des manifestants qui se dirigeaient vers le siège du SNS, ainsi que dans la deuxième ville du pays, Novi Sad.
Les manifestations sont régulières dans ce pays des Balkans depuis l’effondrement en novembre 2024 d’un auvent en béton à la gare de Novi Sad (Nord). La tragédie, qui avait fait 16 morts, a rapidement été imputée à la corruption par les manifestants.
Demande d’élections anticipées
Les manifestations, menées par les étudiants, étaient jusqu’à présent généralement pacifiques. Elles ont lieu à travers le pays et ont rassemblé jusqu’à plusieurs centaines de milliers de personnes. La situation s’est envenimée cette semaine lorsque des groupes de partisans du pouvoir, souvent masqués, s’en sont pris aux protestataires. Les deux camps s’accusent de provocations visant à ce que la situation dégénère.
Des élus de l’opposition et des militants anticorruption ont accusé les partisans du pouvoir et les forces de l’ordre de violences, partageant des images de manifestants lourdement blessés. Dans une vidéo en ligne diffusée jeudi, on voit notamment une vingtaine d’agents entourant et battant un jeune homme à terre à Valjevo.
Les forces de l’ordre ont rejeté ces accusations, affirmant avoir été attaquées par les manifestants. Sous la pression de la rue ces derniers mois, le gouvernement a été remanié, le premier ministre remplacé et plusieurs anciens ministres ont été arrêtés et inculpés.
Depuis mai, les manifestants réclament des élections anticipées, ce que le président Vucic, réélu en 2022 pour un mandat de cinq ans, refuse, dénonçant un complot étranger visant à renverser le pouvoir en place.