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Et de trois ! Le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, a été, vendredi 8 août, le troisième chef d’Etat ou de gouvernement à venir à la Maison Blanche réclamer le prix Nobel de la paix pour le président américain, après le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi. Le premier ministre cambodgien, Hun Manet, a lui aussi recommandé Donald Trump pour le prix, mais il l’a fait de loin, dans une lettre adressée au Comité Nobel à Oslo.

Le président Trump est-il vraiment le « faiseur de paix » dont il revendique le statut, se targuant d’avoir résolu une demi-douzaine de conflits dans le monde en sept mois ? Il appartiendra au Comité Nobel de juger : dans le conflit indo-pakistanais, New Delhi nie le rôle d’une médiation américaine, et les combats ont repris dans l’est de la RDC malgré l’accord de paix signé en juin à Washington par M. Tshisekedi et le président rwandais, Paul Kagame.

Le projet d’accord conclu le 8 août par le président Aliev et le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, au côté de Donald Trump présente un autre cas de figure. A première vue, c’est un beau succès diplomatique, dans un conflit qui oppose deux pays du Caucase du Sud depuis trente-cinq ans et qui a déjà causé deux guerres. De multiples tentatives de médiation, notamment menées par Moscou, Bruxelles ou l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, ont échoué. L’affaire paraît insoluble, dans une contrée post-soviétique réputée compliquée. Arrivent Donald Trump et son émissaire ex-roi de l’immobilier Steve Witkoff, et le tour est joué.

Russie et Iran grands perdants

En réalité, l’équipe Trump n’est pas partie de zéro. A l’initiative de MM. Aliev et Pachinian, l’Azerbaïdjan et l’Arménie menaient depuis près de deux ans un dialogue bilatéral prometteur, sans le parrainage encombrant des puissances russe, turque ou iranienne, ayant mis à profit un certain nombre de facteurs qui modifiaient profondément le contexte politique régional : la guerre à grande échelle en Ukraine, l’affaiblissement de l’influence de la Russie et de l’Iran, occupés par d’autres urgences, le rôle nouveau d’acteurs comme la Turquie et la Chine. Cette conjonction de facteurs a entraîné une situation unique dans l’histoire de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan : les deux pays ont fini par tenir la Russie à l’écart.

En mars, Erevan et Bakou se sont mis d’accord sur un projet de normalisation de leurs relations. En juillet, MM. Aliev et Pachinian ont eu une rencontre au sommet à Abou Dhabi, alors que leurs équipes mettaient au point un accord de paix. C’est là le coup de génie de Donald Trump, qui s’est inséré dans une dynamique positive, lancée bien avant lui mais à laquelle il a su donner le coup de pouce décisif.

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L’intervention à ce stade de l’acteur américain, sans héritage historique pesant et doté d’un fort potentiel économique, a été bénéfique. Reste maintenant à finaliser ce qui n’est encore qu’un projet d’accord, non signé par les deux parties. Le fameux « TRIPP » (Trump Route for International Peace and Prosperity), corridor dont la construction devrait désenclaver la région azerbaïdjanaise du Nakhitchevan, n’existe que sur le papier. La Russie et l’Iran, grands perdants dans l’affaire, pourraient tenter de gâcher la fête. Mais, pour l’heure, Donald Trump peut s’autocongratuler à bon compte – même si les deux plus gros conflits qu’il a promis de résoudre, les guerres en Ukraine et à Gaza, continuent de résister à ses talents de « faiseur de paix ».

Le Monde

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