Le soleil, qui a dardé ses rayons toute la journée sur les épaules et les fronts des quelque 2 000 jeunes venus en retraite dans la communauté de Taizé (Saône-et-Loire), dans le village bourguignon du même nom, est enfin plus clément à l’heure du dîner. Des rires et des conversations en plusieurs langues se font entendre alors que les files s’allongent pour accéder au service. Jeudi 17 juillet, deux plats sont au menu, couscous aux légumes et pâtes au pesto. Cette semaine, tout le monde mangera végétarien.
Il s’agit pour la communauté œcuménique chrétienne, qui regroupe 80 frères, d’accueillir comme il se doit les dizaines de jeunes musulmans venus assister à la semaine du dialogue interreligieux entre musulmans et chrétiens. Et de respecter leurs prescriptions alimentaires.
Sur les 2 000 jeunes présents cette semaine à Taizé, ils sont en effet 200, musulmans et chrétiens, à être venus spécialement pour discuter de foi, de fraternité, de ressemblances, mais aussi de différences entre les deux religions. « Ici, on s’enrichit », commente Ahmed Belghazi, imam de Chalon-sur-Saône, qui a ses habitudes à Taizé, sa « maison ». « Nous sommes là pour le partage, celui de l’expérience de vie, de la foi et de la tradition de chacun. » « L’Évangile, ce n’est pas tant convertir qu’accueillir », relève le frère Matthew, prieur (supérieur) de la communauté.
Versets coraniques traduits
C’est en 2015, alors que l’Europe fait face à un afflux sans précédent de migrants, notamment venus de Syrie, que l’idée de faire dialoguer chrétiens et musulmans émerge dans les esprits des membres de la communauté. Fondé en 1944 par le frère Roger Schutz, ce groupe de chrétiens laïcs réunis par la prière dans une vie de célibat quasi monastique, s’est toujours intéressé au monde qui l’entoure. Les tensions vives au Proche-Orient et en Europe poussent alors les frères à monter, en 2017, cet espace de dialogue dans un écrin naturel de toute beauté.
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