Perchée sur des jambes fines comme des brindilles, une chétive silhouette s’appuie contre les flancs de sa mère. La pouliche au museau pâle vient de naître : encore groggy, elle s’écroule dans l’herbe et s’abandonne au sommeil sous un ciel d’un bleu limpide. « C’est un heureux événement », s’émerveille Florian Drouard, jumelles à la main. Posté à une distance respectueuse, le naturaliste de 36 ans vient de découvrir, en cet après-midi de la mi-juin, la surprise du jour. Bientôt, la petite caracolera dans la grande prairie où elle s’apprête à passer son premier été. Mais peut-être aussi le dernier.
Cette année, six poulains de Przewalski sont venus au monde sur le causse Méjean, ce grand plateau de calcaire situé au cœur du parc national des Cévennes, au lieu-dit du Villaret, en Lozère. Sur près de 400 hectares de steppes paissent 45 équidés. L’association Takh, pour laquelle travaille Florian Drouard, est engagée depuis plus de trente ans dans la sauvegarde de ce cheval mongol. Aujourd’hui, on en dénombre près de 3 000 à travers le monde, dont la moitié seulement à l’état sauvage ou en semi-liberté, comme ici. Mais le désengagement du principal mécène de l’association, la fondation suisse Mava, fragilise aujourd’hui Takh, qui craint de devoir mettre la clé sous la porte d’ici à quelques mois. Le przewalski devrait alors trouver, pour la seconde fois, un nouveau sanctuaire.
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