Le Parlement du Suriname a élu présidente dimanche 6 juillet Jennifer Geerlings-Simons, âgée de 71 ans, la première femme à diriger ce petit pays sud-américain, le parti au pouvoir ayant renoncé à nommer un candidat en face d’elle. Le parti de l’opposante Geerlings-Simons, le Parti national démocratique (NDP), a obtenu 18 des 51 sièges lors des élections législatives du 25 mai et a formé une alliance avec cinq petits partis, ce qui lui a permis d’obtenir la majorité des deux tiers nécessaire pour accéder à la présidence. Son élection s’est faite par acclamation.
« Je suis très consciente de la responsabilité qui repose désormais sur nos épaules. Cette responsabilité est d’autant plus grande que je suis, en fait, la première femme à occuper cette fonction », a déclaré Mme Geerlings-Simons aux parlementaires. « J’accepte cette fonction pour servir. Et j’utiliserai toutes mes connaissances, ma force et ma perspicacité pour mettre nos richesses à la disposition de tous nos concitoyens, en accordant une attention particulière à nos jeunes et à tous ceux qui, jusqu’à présent, n’ont pas eu la possibilité de se développer de manière optimale », a-t-elle ajouté.
Le Suriname, une ancienne colonie néerlandaise minée depuis son indépendance en 1975 par des rébellions et des coups d’Etat, dispose d’importantes réserves pétrolières offshore découvertes récemment. Elles devraient offrir au pays, où 20 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, des revenus financiers inédits à partir de 2028, quand débutera l’exploitation d’un bloc offshore d’une production estimée à 220 000 barils par jour.
Le NDP, parti de l’ex-dirigeant Desi Bouterse
Durant la campagne, Jennifer Geerlings-Simons, ex-présidente de l’Assemblée nationale, avait affirmé vouloir « être au pouvoir pour [s]’assurer que la population bénéficie réellement » des revenus attendus du pétrole en « établissant une loi selon laquelle toutes les entreprises devront travailler avec des Surinamais et acheter des produits du Suriname ».
Son investiture est prévue le 16 juillet, lorsque le mandat de cinq ans du président, Chan Santokhi, prendra fin. Le parti de ce dernier, le Parti progressiste de la réforme (VHP), qui a obtenu 17 sièges, avait annoncé cette semaine avoir décidé de ne pas présenter de candidats aux postes de président et de vice-président. « Nous sommes sortis des élections en tant que deuxième parti le plus important mais nous devons conclure que, dans les circonstances actuelles, cela ne fournit pas un mandat viable pour assumer des responsabilités gouvernementales », avait-il avancé.
Le NDP, lui, est le parti de l’ancien dirigeant Desi Bouterse, qui a dirigé le pays d’une main de fer après un coup d’Etat en 1980, puis démocratiquement entre 2010 et 2020. Sous son mandat, le Suriname était considéré comme un narco-Etat. Condamné aux Pays-Bas pour trafic de cocaïne et au Suriname pour le meurtre d’opposants en 1982 lorsqu’il était chef de la junte, M. Bouterse est décédé en décembre 2024 dans la clandestinité.