Six longs-métrages, presque autant de courts et de moyens, et, rien à faire, Sophie Letourneur, 47 ans, reste un cas à part dans le cinéma français. Cela fait pourtant vingt ans que la réalisatrice fraie avec des territoires plutôt populaires, entre comédie douce-amère et chronique du quotidien. Mais, dans un paysage saturé de comédie de mœurs, elle se vit plutôt en anthropologue des petits faits vrais, adepte de formes bricolées qui résistent à la performance narrative.
Ces faits, elle est allée les puiser à portée de main : colonies de vacances (Roc & Canyon, 2007), tribus de fêtards parisiens (La Vie au ranch, 2010), usages festivaliers (Les Coquillettes, 2013) ou situation de grossesse (Enorme, 2020). Avec L’Aventura, second volet du triptyque vacancier entamé en 2023 avec Voyages en Italie, elle poursuit sa cartographie du tourisme ordinaire pour inventer de nouveaux rapports entre réel et fiction.
Obstinée, la réalisatrice l’est bel et bien, puisque quand on la retrouve sur la terrasse ensoleillée d’un café parisien, à J − 10 de la sortie de L’Aventura, elle court encore de salle en labo, et n’en a toujours pas fini avec les finitions. Tout a commencé lors d’un vrai voyage en amoureux, avec son compagnon de l’époque (le monteur Jean-Christophe Hym), « à une période où tous les couples autour de nous semblaient vivre la même chose, comme en miroir, se remémore la réalisatrice. J’ai commencé à prendre des notes, sans trop savoir ce que ça allait devenir. Et puis en enregistrant des souvenirs à deux, qui divergeaient, j’ai compris que cette matière allait faire partie du film. »
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