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Histoires Web vendredi, juillet 4
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La chronique des pressions exercées par les juntes du Sahel sur les groupes miniers occidentaux a tout pour captiver les amateurs de feuilletons à rebondissements. Réécriture de contrats, incarcérations, saisies d’actifs : les péripéties se succèdent depuis des mois à un rythme soutenu. Citons par exemple le Mali où, mi-juin, la plus grande mine d’or du pays, détenue en majorité par le géant canadien Barrick Gold, a été placée sous le contrôle de l’Etat pour six mois.

Le site de Loulo-Gounkoto (ouest) est au centre d’un litige fiscal et de propriété avec les militaires au pouvoir à Bamako. Jurant de « faire briller l’or » pour les Maliens, le gouvernement a réformé le code minier en 2023 et réclame des centaines de millions de dollars d’arriérés d’impôts à Barrick. Quatre cadres maliens de la major canadienne sont sous les verrous depuis novembre. Au Niger aussi, la tension est à son maximum. Le 19 juin, le régime a annoncé la nationalisation de la Somaïr, filiale du spécialiste français de l’uranium Orano qui en a perdu le contrôle opérationnel depuis plusieurs mois.

Quant au Burkina Faso, le code minier y a également fait l’objet d’une révision surprise en 2024. L’objectif : augmenter la part de l’Etat dans les projets du secteur aurifère. Les multinationales sont sur leurs gardes depuis que le capitaine Ibrahim Traoré, l’homme fort de Ouagadougou, a menacé en octobre de leur retirer leurs permis d’exploitation. « Je ne comprends pas pourquoi, alors qu’on sait exploiter l’or, on [les] laisse venir », indiquait-il alors. Un propos résumant à gros traits la philosophie des juntes sahéliennes qui affirment agir au nom de la « souveraineté ».

Dans la « coup belt » (la « ceinture des coups d’Etat »), comme disent les analystes anglo-saxons, s’affranchir est un mot d’ordre : de l’Occident, des intérêts étrangers, de règles de fonctionnement avantageant les grandes compagnies internationales… Les pays de la région sont généreusement dotés en minerais très convoités. N’est-il pas temps de se réapproprier ces richesses pour en faire un réel outil de développement ? Un discours déjà porté il y a quarante ans par l’ancien leader burkinabé Thomas Sankara, ce héros anti-impérialiste de la jeunesse africaine dont les présidents en uniforme du Sahel revendiquent volontiers l’héritage.

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