Meilleures Actions
Histoires Web samedi, juin 28
Bulletin

La pression était trop forte. Le président de l’université de Virginie, à l’est des Etats-Unis, a annoncé sa démission, vendredi 27 juin, alors qu’il doit faire face à l’ouverture d’une enquête par l’Etat fédéral sur les pratiques du campus pour favoriser la diversité.

« Je suis disposé à me battre pour mes convictions, et je crois profondément en cette université », a déclaré, dans un communiqué, James Ryan, qui dirige l’établissement depuis 2018. « Mais je ne peux pas décider unilatéralement de lutter contre le gouvernement fédéral pour sauver mon emploi », a-t-il ajouté pour expliquer sa décision.

« Si cela ne me concernait pas aussi personnellement, j’aurais peut-être choisi une autre voie », a estimé M. Ryan, en soulignant qu’il y a « des principes très importants en jeu » dans cette affaire. Mais tenter de se maintenir à son poste lui paraît « égoïste et égocentrique vis-à-vis des centaines d’employés qui perdraient leur emploi, des chercheurs qui perdraient leur financement et des centaines d’étudiants qui pourraient perdre leur aide financière ou voir leur visa refusé », a-t-il ajouté.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Patrick Artus : « Aux Etats-Unis, les attaques sur le système de recherche publique et les universités compromettent les perspectives de croissance  »

M. Ryan avait déjà décidé que l’année scolaire à venir serait sa dernière, a-t-il dit, mais rester à son poste jusque-là serait « sacrifier sciemment et volontairement cette communauté ».

« Aucune confiance »

Le ministère de la justice, en charge de l’enquête contre son établissement, réclamait spécifiquement son départ, selon The New York Times. Lors d’une intervention sur CNN vendredi, la procureure générale adjointe chargée des droits civiques du département de la justice a nié une telle requête, tout en affichant ses griefs contre M. Ryan.

« Je n’ai aucune confiance dans sa volonté et sa capacité à présider au démantèlement du DEI », le programme en faveur de la diversité et de la parité (DEI, pour « diversité, équité, inclusion »), a ainsi déclaré Harmeet Dhillon.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Jason Stanley, professeur à Yale : « Les piliers de la démocratie sont les écoles, les universités, les médias et le système judiciaire. Ils sont tous attaqués »

Dans un communiqué, les deux sénateurs démocrates de l’Etat de Virginie, Mark Warner et Tim Kaine, ont dénoncé « une erreur qui nuit à l’avenir de la Virginie ». « Il est scandaleux que les responsables du ministère de la justice de Trump aient exigé que l’université (…) destitue le président Ryan », ont-ils estimé.

Climat tendu entre l’administration Trump et les universités

Cet événement marque un nouveau palier dans le combat que mène Donald Trump, depuis son retour au pouvoir, contre l’enseignement supérieur américain, qu’il accuse de propager une idéologie « woke », terme utilisé de manière péjorative par les conservateurs pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme un excès de militantisme en faveur notamment des minorités.

Le Monde Mémorable

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Testez votre culture générale avec la rédaction du « Monde »

Découvrir

Le républicain a signé en janvier une loi ordonnant la suppression des programmes DEI à l’échelle nationale. Son gouvernement a ouvert des enquêtes sur des dizaines d’établissements, arguant que les initiatives en faveur de la diversité sont discriminatoires à l’égard des étudiants blancs et asiatiques-américains.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés A Harvard, l’inquiétude des étudiants étrangers, cibles de Donald Trump

Les réponses ont été diverses. Certains établissements ont fermé leurs bureaux DEI, supprimé les bourses d’études pour la diversité et n’exigent plus de déclaration de diversité lors du processus de recrutement. D’autres ont rebaptisé leur travail DEI sous d’autres noms, ou maintenu leurs politiques de diversité.

Jusqu’à présent, l’administration Trump s’était particulièrement opposée à des universités prestigieuses comme Harvard, où elle tente d’interdire l’admission d’étudiants étrangers, et Columbia, à qui elle menace de retirer son accréditation, ce qui pourrait la priver de tout financement fédéral.

Lire aussi | L’université Columbia contrainte de se séparer de 180 personnes à la suite de la suppression d’aides fédérales

Le Monde avec AP et AFP

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.