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La nature du cessez-le-feu entre Israël et l’Iran annoncé mardi 24 juin par Donald Trump reste à définir, compte tenu de l’attitude de l’Etat hébreu sur les différents théâtres d’opérations du Moyen-Orient, où il a enchaîné les succès en moins de vingt mois et instauré une hégémonie désormais incontestée.

S’agira-t-il d’une simple pause, avant une reprise unilatérale des hostilités, comme à Gaza en mars ? Ou bien de la transformation d’une guerre ouverte en conflit de basse intensité dans lequel Israël s’arrogera le pouvoir de poursuivre des frappes ponctuelles en fonction de ses intérêts ? Dans les deux cas, le régime iranien, défait et humilié, restera durablement sous la pression de l’Etat hébreu.

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Donald Trump n’a pas caché son empressement à refermer le dossier, du fait d’une versatilité géopolitique avérée et pour ne pas heurter une base électorale rétive à la perspective d’une nouvelle aventure militaire au Moyen-Orient. Mais ses communiqués de victoire tranchent avec les premiers bilans dressés par les services de renseignement des Etats-Unis. Ces derniers estiment en effet, selon la presse américaine, que les coups portés dans la nuit du 21 au 22 juin sont loin d’avoir stoppé définitivement le programme nucléaire iranien mis en avant par l’Etat hébreu pour justifier son agression. Ce projet dangereux n’aurait en fait été retardé que de quelques mois.

Un précédent peu encourageant

Les inconnues qui demeurent renvoient à la classification d’un ancien secrétaire à la défense des Etats-Unis, Donald Rumsfeld, à propos des armes de destruction massive alors détenues, comme l’affirmait à tort l’administration de George W. Bush, par le régime de Saddam Hussein. Le secrétaire à la défense distinguait ce qu’il appelait « les choses que nous savons », « celles que nous savons que nous ne savons pas » (par exemple, dans le cas iranien, la localisation du stock d’uranium enrichi disponible avant les bombardements israélo-américains), et enfin « celles que nous ne savons pas que nous ne savons pas » − autrement dit, l’existence d’éventuelles installations clandestines qui auraient échappé aux inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique, dont on ne sait si elle pourra reprendre ses travaux en Iran.

A ces interrogations s’ajoute l’impact également incertain des bombardements sur la boîte noire qu’est le régime iranien, dès lors que son éviction n’est plus présentée comme un objectif par le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, ni par Donald Trump, qui a dit tout et son contraire à ce sujet en moins de quarante-huit heures.

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Le maintien au pouvoir d’un régime affaibli et isolé rappelle un précédent peu encourageant : ce même régime de Saddam Hussein, en Irak, après la déroute essuyée au Koweït en 1991. S’était ensuivie une décennie dramatique pour le peuple irakien, livré à la répression accrue d’une dictature aux abois, étranglée par des sanctions internationales.

La chute de Saddam Hussein, douze ans plus tard, à la suite de l’invasion décidée par l’administration Bush, avait ouvert une nouvelle décennie sanglante, dont le pays ne s’est jamais totalement remis. Si la vulnérabilité du régime iranien, crûment exposée pendant les bombardements et les assassinats israéliens de ces derniers jours, renforce sa nature obsidionale et paranoïaque, les Iraniens seront les premiers à en payer le prix.

Le Monde

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