Les tensions au Moyen-Orient entre l’Iran, Israël et les Etats-Unis pourraient aussi avoir des répercussions dans les assiettes. Si l’escalade se poursuit, des ruptures d’approvisionnement en pétrole et en gaz pourraient survenir, notamment en cas de blocage du détroit d’Ormuz, avec des conséquences sur la capacité des populations à se nourrir. Une étude publiée mercredi 25 juin par le Panel international d’experts sur les systèmes alimentaires durables (IPES-Food) documente la forte dépendance des systèmes alimentaires mondiaux aux énergies fossiles et les possibles répercussions en matière de sécurité alimentaire. Le secteur représente en effet au moins 15 % de la demande mondiale en énergies fossiles et 40 % de la consommation de produits issus de la pétrochimie, notamment sous forme d’engrais de synthèse et d’emballages en plastique. Aucun objectif de neutralité carbone ne sera tenable si cette dépendance n’est pas réduite, rappellent les experts.
L’instabilité géopolitique mondiale entraîne déjà une montée des prix de l’énergie, qui pourrait se répercuter plusieurs mois durant sur les cours des denrées alimentaires. Pour les 2,8 milliards de personnes qui n’ont pas les capacités de se payer une alimentation adéquate, selon les données des Nations unies, les conséquences seraient dramatiques. Le prix de l’urée s’est envolé de 20 % en dix jours depuis la mi-juin, l’Iran ayant arrêté la production de cet engrais, tout comme l’Egypte, qui a suspendu ses usines de fertilisants après l’arrêt de livraison de gaz israélien. « Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, les prix de l’énergie et de l’alimentation avaient déjà grimpé, exacerbés par la spéculation, souligne Raj Patel, enseignant-chercheur à l’université du Texas (Austin, Etats-Unis) et expert au sein du panel IPES-Food. Or, nous n’avons pas tiré les leçons de ce précédent pour essayer de réduire notre dépendance aux engrais minéraux. »
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