S’il est un talent que même ses adversaires déclarés reconnaissent à Benyamin Nétanyahou, c’est bien celui de la communication et de la formule. En appelant « Rising Lion » (« lion qui se lève ») l’offensive déclenchée, vendredi 13 juin, contre l’Iran, le premier ministre israélien ne se fait pas seulement l’écho d’un verset de la Bible (« Le peuple se lèvera comme un grand lion »). Il fait aussi référence au lion du drapeau qui fut celui de la Perse impériale depuis le XVIᵉ siècle, puis de l’Iran du chah au siècle dernier.
En effet, la campagne israélienne vise, bien au-delà du seul programme nucléaire, au renversement de la République islamique, établie à Téhéran par l’ayatollah Khomeyni après la chute du chah, en 1979. Il n’en est que plus éclairant de revenir sur la longue histoire de la coopération israélo-iranienne, avant comme après la révolution islamique de 1979.
Le chah Mohammed Reza Pahlavi, au pouvoir à Téhéran de 1941 à 1979, reconnaît de fait Israël dès 1950, deux ans après la proclamation de l’Etat juif – une reconnaissance qu’il officialise publiquement en 1960. Le souverain iranien rompt ainsi avec la solidarité islamique du fait de son anticommunisme militant, alors que la guerre froide entre Washington et Moscou pousse de plus en plus le nationalisme arabe dans le camp soviétique.
Une alliance de revers anti-arabe
Quant au fondateur d’Israël, David Ben Gourion, premier ministre de 1948 à 1954, puis de 1955 à 1963, il entend développer avec l’Iran une alliance de revers anti-arabe, quitte à encourager les ambitions du chah dans le golfe Persique. Les relations prospèrent après la visite de Ben Gourion à Téhéran, en 1961, gagées qu’elles sont sur un transfert de savoir-faire militaire par l’Etat hébreu en contrepartie de livraisons de pétrole iranien à Israël. Cette dynamique se confirme durant la décennie suivante, lorsque le chah entend s’imposer comme le « gendarme du Golfe » aux dépens de ses voisins arabes.
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