
Les Pays-Bas ont rendu, samedi 21 juin, au Nigeria 119 sculptures anciennes, des bronzes du Bénin, volées dans l’ancien royaume du Bénin il y a plus de 120 ans, durant l’époque coloniale. Il s’agit de la plus récente restitution d’artefacts en Afrique, alors que la pression monte sur les gouvernements et institutions occidentaux pour qu’ils rendent les butins dérobés pendant le joug colonial.
Le Nigeria a célébré le retour des inestimables bronzes du Bénin − des sculptures en métal et ivoire datant du XVIe jusqu’au XVIIIe siècle− avec une cérémonie au Musée national de Lagos, la capitale économique, en présentant quatre pièces dans la cour du musée. La sélection incluait le buste d’un monarque, une défense d’éléphant et un petit léopard.
Au XIXe siècle, l’armée britannique a dérobé des milliers de bronzes du Bénin dans le royaume éponyme, qui était alors indépendant et est aujourd’hui situé dans le sud du Nigeria. En 1897, neuf officiers britanniques ont été tués durant une mission commerciale dans le royaume du Bénin. Les militaires ont alors tué plusieurs milliers d’habitants, incendié la capitale Benin City et pillé le palais royal, où ils ont volé les sculptures.
Accord avec l’Allemagne
Ces dernières se trouvaient depuis dans des musées et des collections privées en Europe et aux Etats-Unis. Les quatre bronzes présentés samedi à Lagos vont rester dans la collection du musée. Les autres seront rendus à l’Oba du Bénin, Ewuare II, le chef traditionnel du royaume.
Ces sculptures « sont l’incarnation de l’esprit et de l’identité des gens à qui elles ont été prises », a déclaré Olugbile Holloway, directeur général de la Commission nationale des musées et les monuments du Nigeria. « Tout ce que nous demandons au monde est de nous traiter avec équité, dignité et respect », a-t-il déclaré lors de la cérémonie. Il a également annoncé que l’Allemagne avait accepté de rendre plus de mille bronzes du Bénin supplémentaires au Nigeria.
« Le Nigeria doit reprendre possession de son histoire et de son héritage », a estimé la ministre de la culture nigériane, Hannatu Musa Musawa, qui a signé le document de restitution avec l’ambassadrice néerlandaise pour la coopération culturelle internationale, Dewi van de Weerd.
« L’accord passé avec l’Allemagne souligne encore plus l’engagement international à rectifier les erreurs historiques et cultiver le respect mutuel », a-t-elle ajouté. En revanche, le British Museum de Londres a refusé de restituer une partie de sa célèbre collection, invoquant une loi adoptée en 1963 qui empêche le musée de restituer ses trésors.