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Les pancartes d’encouragement étaient de sortie, le soleil au rendez-vous, les tribunes pleines à craquer, et l’air embaumait un doux mélange de crème solaire et de performances mondiales de premier plan. Si l’étape parisienne de la Ligue de diamant a habitué son public à un festin de records du monde ces dernières années, l’heure semblait davantage à une prise de repères, vendredi 20 juin. Avec des championnats du monde prévus du 13 au 21 septembre, à Tokyo, peu d’athlètes envisageaient de réaliser une performance majeure à ce moment de la saison.

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« On fait tout pour être en forme pour les championnats du monde à Tokyo. Pas maintenant » déclarait au Monde Azeddine Habz à la veille de la compétition, dans sa tenue carmin. N’empêche que l’on se demande désormais quel genre de performance nous réserve le Français pour les Mondiaux, tant sa course « détente » a affolé les compteurs.

Le vice-champion d’Europe en salle a mis dans le rétroviseur, vendredi soir, l’un des records les plus emblématiques de l’athlétisme français : celui du 1 500 m, détenu depuis plus de vingt-deux ans par Mehdi Baala (3 min 28 s 98). Devant les écrans affichant les temps, Habz a dû cligner deux fois des yeux avant de prendre la mesure de son chrono : 3 min 27 s 49 centièmes − la sixième meilleure performance mondiale de tous les temps.

Loin devant les loupiottes vertes de la wavelight à 500 mètres de l’arrivée, le demi-fondeur a d’abord cru à une « panne » de la technologie, avant de se rendre à l’évidence : personne n’était capable de suivre son train infernal. Dans un stade incandescent, le Francilien a remporté sa deuxième victoire de la saison en Ligue de diamant.

Passage de flambeau avec Mehdi Baala

Presque surpris par sa performance du soir, le sociétaire du Val d’Europe Montévrain Athlétisme s’est jeté dans les bras de Mehdi Baala, vice champion du monde en 2003 sur la distance et médaille de bronze olympique en 2008. « C’est le record d’un athlète que j’admire depuis que je suis gamin, réagissait celui qui occupe désormais la première place du classement mondial. Aujourd’hui, avant le départ, il est venu, il m’a encouragé et il m’a dit : “c’est ton tour”. A l’arrivée, il était heureux comme si c’est lui qui l’avait battu ».

Figure relativement méconnue de l’athlétisme Français, Azeddine Habz est du genre besogneux. Né au pied des montagnes de l’Atlas, au Maroc, fils d’agriculteurs, arrivé à ses 18 ans en France pour suivre des études de philosophie à l’université de Saint-Denis puis naturalisé en 2018, le coureur a longtemps évolué au niveau… régional. Son principal objectif ? Devenir « champion de France ».

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Quelques années plus tard, le voici devenu le Français le plus rapide de l’histoire sur 1 500 m – en salle comme en extérieur – comptant également dans sa besace le record national du mile et plusieurs médailles européennes de cross-country. Rien ne semble résister au gamin de Souk Sebt, qui expliquait avoir mis trois ans à intégrer l’équipe de course à pied de son collège faute de performances suffisantes. « Maintenant, place aux championnats internationaux pour compléter ce palmarès, qui est déjà pas mal », se projetait déjà l’intéressé, sans se défaire de son sourire.

Gressier établit un nouveau record de France sur 5 000 m

Habz n’est pas le seul à avoir fait tomber un record de France ce vendredi. Jimmy Gressier a raboté son propre record du 5 000 m de quatre secondes (12 min 51 s 59) pour sa rentrée. Dans une course verrouillée par les Ethiopiens et les Américains, le Nordiste s’est accroché à la wavelight sous les encouragements des 20 000 spectateurs présents à Charléty. « Ce n’était pas l’objectif aujourd’hui, pour être honnête, régissait le champion d’Europe du semi-marathon. Ces derniers temps à l’entraînement, c’était un peu compliqué. Mais une fois lancé, j’étais prêt à me casser les dents. »

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Au-delà de ces deux records, les Tricolores ont peaufiné leurs réglages. Marie-Julie Bonnin, championne du monde en salle en mars, a sorti de son fourreau ses grosses perches. Pas suffisant néanmoins pour passer la barre d’écrémage des 4 m 63. « J’ai des bons réglages, la bonne perche, la bonne course mais je dois sauter plus efficacement et progresser sur la technique », évoquait la Bordelaise. Champion d’Europe du 800 m, Gabriel Tual s’est, lui, retrouvé piégé dans une course particulièrement rugueuse dont il a terminé sixième en 1 min 43 s 84.

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D’ordinaire fer de lance des Tricolores, les hurdleurs sont, eux, passés à côté de la compétition. Seul rescapé des séries, Just Kwaou-Mathey a terminé sixième de la finale, en 13 sec 24. Cinquième de cette même course, le triple champion du monde Grant Holloway n’a pas rassuré sur son état de forme.

Il fallait en revanche, ce vendredi, garder à l’œil la Kényane Faith Cherotich, auteure de la meilleure performance de l’année sur 3 000 m steeple (8 min 53 s 37) et l’Américaine Grace Stark, chronométrée en 12 sec 21 sur le 100 m haies. L’Éthiopien Lamecha Girma, a quant à lui retrouvé la compétition après sa terrible chute lors des JO de Paris. « Je ne pourrais pas vous donner le diagnostic précis de ma blessure, mais c’était un rude coup à la tête. A un moment, j’ai craint de ne jamais pouvoir revenir sur le circuit », expliquait le détenteur du record du monde du steeple. Vainqueur à Paris, l’Ethiopien a rassuré sur son état de forme dans un meeting aux allures de prises de marques.

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