Notre boutique est le fruit de notre amitié et de notre complémentarité. Yannick et moi avons des parcours différents, qui se rejoignent autour de la cuisine et de nos convictions. Je suis originaire de Nantes, j’ai toujours aimé la cuisine et je me suis très vite orienté dans cette voie, avec un BEP en école hôtelière, puis un brevet professionnel en apprentissage dans un établissement étoilé. J’ai travaillé dans des restaurants à Nantes, à Rennes, à Paris, où j’ai découvert la bistronomie et l’exigence des produits. Le métier m’excitait énormément, les coups de feu, la tension permanente, mais il y avait aussi les insultes et les violences en cuisine.
A un moment donné, je me suis rendu compte que je ne voulais pas devenir un cuisinier violent et aigri qui ne voit plus sa famille. J’ai tout plaqué pour devenir infirmier. En parallèle, en 2015, j’ai commencé à travailler chez Poiscaille, une société de distribution de poissons issus de la pêche côtière artisanale, en direct des producteurs. J’ai réalisé que ce qui me plaisait le plus, c’était l’entrepreneuriat, le développement d’un modèle dans le secteur alimentaire, avec un pied dans la restauration. Je passais mes nuits au service réanimation à l’hôpital et mes journées à vendre du poisson durable.
Yannick et moi nous sommes rencontrés par l’intermédiaire d’un ami commun, dont nous étions les témoins de mariage. Après une carrière dans l’audiovisuel, il venait de se reconvertir en passant un CAP cuisine. Il avait besoin d’un métier passion et a bossé dans divers bistrots parisiens, avant de prendre conscience, lui aussi, de la dureté du milieu.
Petit filet, casier, à la ligne ou en plongée
Un jour, la mairie de Montreuil est venue nous voir à l’entrepôt de Poiscaille, pour nous proposer d’implanter une poissonnerie dans la rue marchande du quartier. Les fondateurs de Poiscaille n’étaient pas intéressés, alors que je rêvais d’avoir un lieu. Je voulais continuer le combat pour une pêche artisanale durable à l’échelle d’un quartier, en créant en plus une partie restauration à emporter. J’ai proposé à Yannick de gérer la partie cuisine et moi la partie poissonnerie. Nous nous sommes associés pour ouvrir Montreuil sur Mer en 2020.
Comme Poiscaille, nous œuvrons directement avec les producteurs, des pêcheurs en bateau de moins de 12 mètres, travaillant au petit filet, au casier, à la ligne, à pied ou en plongée. Pas de chalut, pas de drague, pas d’engin qui endommage les fonds marins. Et une sélection de poissons durables de nos côtes.
Notre plus-value, ce sont les plats à emporter que nous préparons en fonction des arrivages : acras, rillettes de thon germon, bo bun au poulpe, foie de lotte confit, vitello tonnato, moules marinées au pesto, tartare de truite… et l’un de nos best-sellers : la brandade de merlu (poisson blanc plus durable que la morue, qui n’est rien d’autre que du cabillaud salé et séché). C’est un plat que me préparait ma grand-mère et que Yannick, d’origine portugaise, adorait dans son enfance. Un plat simple, qui parle à tout le monde, qui allie nos origines et les valeurs que nous portons.
Poissonnerie Montreuil sur Mer, 15, rue de l’Eglise, Montreuil (Seine-Saint-Denis).