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Portraits de la famille royale, de dirigeants politiques, drapeaux frappés du temple d’Angkor… Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté mercredi 18 juin à Phnom Penh en soutien au gouvernement cambodgien, engagé dans un nouveau bras de fer avec le voisin thaïlandais sur le tracé de la frontière commune aux deux pays.

Au rythme de chansons patriotiques, une foule rouge et bleue a marché vers le Monument de l’indépendance, au cœur de la capitale khmère. Pour la première fois depuis la résurgence des tensions, à la fin de mai, le conflit, jusque-là contenu à des zones frontalières peu accessibles, a investi en masse les rues d’une grande ville, marquant une nouvelle escalade dans la démonstration de force.

Cette manifestation a envoyé « des encouragements et de l’énergie supplémentaire au gouvernement et à nos soldats », s’est félicité Hun Many, frère du premier ministre, Hun Manet, qui a ouvert la marche, aux côtés de moines bouddhistes. « Quand le pays fait face à une menace ou à des insultes, le peuple khmer ne va pas rester immobile, nous nous dresserons dans un esprit d’unité », a-t-il insisté.

Le Cambodge et la Thaïlande sont à couteaux tirés depuis la mort d’un soldat cambodgien, le 28 mai, lors d’un échange de tirs avec l’armée thaïlandaise dans une zone disputée. Phnom Penh et Bangkok s’accusent mutuellement d’avoir ouvert les hostilités. En dépit d’appels à l’apaisement émis des deux côtés, les négociations qui se sont tenues ce week-end à Phnom Penh semblent ne pas avoir apporté les résultats escomptés, bien que la Thaïlande ait affirmé que des progrès avaient été réalisés.

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La Cour internationale de justice saisie

Depuis, le Cambodge a suspendu l’importation des fruits et des légumes thaïlandais pour protester contre les restrictions mises en place par son voisin aux points de passage qui pénalisent des milliers de travailleurs transfrontaliers. Phnom Penh boycotte aussi les séries et films thaïlandais, et a arrêté d’acheter de la bande passante auprès de son voisin.

Le premier ministre, Hun Manet, a assuré mardi soir qu’il souhaitait maintenir « la paix », tout en affirmant que la « balle était dans le camp » des Thaïlandais. Les deux royaumes d’Asie du Sud-Est s’opposent de longue date sur le tracé de leur frontière longue de plus de 800 kilomètres, défini en grande partie par des accords conclus durant la colonisation française de la région.

Phnom Penh a annoncé dimanche avoir saisi la Cour internationale de justice (CIJ) au sujet de quatre zones disputées. Cette action vise à empêcher l’escalade militaire, s’est défendu le gouvernement cambodgien. Le tribunal des Nations unies a déjà donné raison au Cambodge deux fois, en 1962 et en 2013, sur la propriété du temple Preah Vihear, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, et d’une zone alentour.

Bangkok a réaffirmé, de son côté, ne pas reconnaître l’autorité de la CIJ sur la question. La Thaïlande plaide pour une solution négociée et a demandé au Cambodge de s’en tenir aux voies de communication officielles, dans une allusion aux posts Facebook de l’ancien premier ministre, Hun Sen, le père de Hun Manet, toujours très influent.

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Le Monde avec AFP

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