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La justice lyonnaise a prévu un dispositif aux dimensions inédites pour assurer le procès correctionnel de 15 prévenus, jugés du 17 au 27 juin, pour une escroquerie en bande organisée qui comptabilise 5 000 parties civiles enregistrées au dossier, et plus de 70 000 victimes identifiées au cours de l’enquête.

Tentaculaire, celle-ci a démarré en 2022, après le détournement des données personnelles de milliers d’employés de la société de travail intérimaire Adecco. Le parquet de Lyon a prévu deux lieux distincts pour organiser les audiences consacrées à cette affaire de cybercriminalité aux multiples volets, comprenant la fabrication de sociétés fictives à partir d’identités usurpées, de faux comptes bancaires et des sites Internet trompeurs, le tout relié à des circuits de blanchiment lointains, au préjudice de particuliers et de plusieurs organismes d’Etat.

Après la découverte du piratage de la banque de données des employés intérimaires d’Adecco, la police judiciaire a progressivement remonté la piste des avatars utilisés sur plusieurs chaînes Telegram et comptes Snapchat, pour identifier « des individus ne se connaissant pas dans la vie réelle, ne se parlant que sur les fils de discussion ou les forums », selon le résumé de la juge d’instruction, dans son ordonnance de renvoi au tribunal, que Le Monde a consultée.

Entreprise criminelle « édifiante »

Les enquêteurs ont localisé à Vichy (Allier) un étudiant en informatique âgé de 22 ans, titulaire d’un BTS, considéré comme le « personnage central » de l’affaire : utilisant « toutes les fonctionnalités offertes par les nouvelles technologies », recrutant de faux gérants de sociétés et des « mules financières » pour court-circuiter des comptes ou des aides publiques, comme celles de la MaPrimeRénov’ou du compte professionnel de formation (CPF).

Animés par « une forme d’escalade addictive », selon l’expression des experts psychiatres, le jeune homme et ses complices présumés ont créé un réseau qui a par exemple réussi à détourner 1,6 million d’euros en deux journées, sur les comptes bancaires piratés de plus de 32 000 particuliers, en effectuant des prélèvements inférieurs à 50 euros, pour éviter les systèmes de vérification. Une entreprise cybercriminelle « particulièrement édifiante, tant elle foisonne d’idées, de contacts, de procédés frauduleux, dans de multiples domaines, illustrant une nouvelle forme de délinquance, dématérialisée mais aux effets bien concrets, susceptible de toucher tout un chacun », résume la juge Ophélie Martin dans son ordonnance.

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