Un traquenard. Sur la vidéo des caméras de surveillance, le laveur de voiture a l’air inquiet. Chaussé de bottes en caoutchouc, il fait les cent pas dans un stand de la station de lavage auto Galaxy, à Downey, une commune de l’agglomération de Los Angeles. Il est 9 h 05 ce mercredi 11 juin.
Un 4 × 4 beige métallisé se glisse le long du trottoir. Deux hommes en gilet pare-balles en descendent mais l’employé ne les voit pas. Ils enjambent la haie, replacent leur masque sur leur visage et se préparent à l’embuscade. Le migrant n’a que le temps de se mettre à courir. Il parvient à éviter les policiers, puis la caméra le perd de vue. Il sera rattrapé un peu plus loin, le coude en sang, après une chute sur les cailloux le long de la voie ferrée.
Vingt-quatre heures ont passé. Jeudi 12 juin, la gérante du car wash, Teran, 50 ans, et son fils Jose acceptent de témoigner, devant l’établissement fermé. Ils se sont d’abord terrés, et demandent toujours à conserver l’anonymat. Mais ils veulent « faire quelque chose » pour leurs deux salariés « kidnappés » par la police de l’immigration. Le premier, 28 ans, avait fui le Mexique il y a six mois pour échapper aux cartels, explique Jose, qui a presque le même âge. Le second, 48 ans, travaillait au lavauto depuis quinze ans. Teran dit qu’elle n’a pas dormi. Elle revoit constamment l’image du jeune migrant, menotté, qui l’implore de l’aider.
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