Peut-être avez-vous déjà pratiqué le tai-chi, voire le qi gong, ou au moins en avez-vous entendu parler. Mais la spiritualité taoïste, en arrière-fond de ces disciplines d’origine chinoise, reste peu étudiée en France, où les publications sur le sujet sont moins nombreuses que sur d’autres spiritualités. Elles ne sont néanmoins pas inexistantes non plus, loin de là. « Le Monde des religions » vous présente ici quatre ouvrages récents qui tentent d’éclairer le lecteur francophone sur certains principes fondamentaux du taoïsme.
« La Respiration embryonnaire et les méthodes du souffle. Sept écrits taoïstes des Tang (618-907) », textes traduits et annotés par Muriel Baryosher-Chemouny et Catherine Despeux, Les Belles Lettres, 2024, 472 pages, 35 euros
Pour un Occidental, l’alchimie sert à transformer les métaux en or, ou renvoie à l’élaboration de l’élixir de longue vie. Pour les Chinois aussi, mais les sages du taoïsme en ont aussi développé une forme qui se passe de substance extérieure : l’alchimie interne (neidan), où les techniques du souffle jouent un rôle déterminant.
Le souffle (qi), selon les taoïstes, dérive de l’origine première de toute chose. Les méthodes proposées ici visent d’abord à le maîtriser, afin de « purifier » le pratiquant en vue de garder sa bonne santé. Mais elles visent bien davantage, puisque l’idée est de nous rapprocher d’une forme de respiration embryonnaire, « comme le fœtus dans la matrice », nous ramenant à cette étape de développement où « la respiration nasale semble inexistante et remplacée par une respiration par les pores de la peau et l’ombilic », écrit la sinologue Catherine Despeux, dans une longue et passionnante introduction.
Il s’agit là de découvrir un pan important et encore largement méconnu du patrimoine spirituel de l’humanité. Ces sept textes, tous issus de la période des Tang (618-907), sont « quasiment des classiques » car ils marquent « l’aboutissement de réflexions et pratiques sur la longévité » commencées dans l’Antiquité chinoise, nous dit Catherine Despeux. Cette édition savante est indiquée pour les spécialistes, mais elle ne doit pas rebuter les simples curieux, puisque outre l’introduction très claire, ces écrits taoïstes – donnés en bilingue – se présentent comme des manuels tout à fait concrets, et donc lisibles par tous. Y. B.
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