Les Etats américains qui ont assoupli leur législation sur les armes à feu ont enregistré des milliers de décès d’enfants supplémentaires, particulièrement par homicide et par suicide, qu’ils ne l’auraient fait en temps normal, selon une étude publiée lundi 9 juin et intitulée « Les lois sur les armes à feu et la mortalité infantile aux Etats-Unis ».
Si le port d’armes est considéré comme un droit constitutionnel aux Etats-Unis, chaque Etat peut l’aménager avec des régulations plus ou moins strictes. Lorsque, en 2010, la Cour suprême a jugé que le deuxième amendement pouvait être opposé aux Etats et collectivités locales, la plupart ont choisi d’assouplir les conditions d’accès aux armes.
« La mortalité due aux accidents de voiture a chuté de façon spectaculaire mais, dans le même temps, la mortalité due aux armes à feu a augmenté et a remplacé les accidents de voiture comme principale cause de décès chez les enfants de plus de 1 an », a expliqué, à l’Agence France-Presse, Jeremy Faust, à la tête de l’étude parue dans la revue médicale Jama Pediatrics.
Les enfants noirs connaissent la plus forte augmentation
Selon ce médecin urgentiste au Brigham and Women’s Hospital de Boston (Massachusetts), il s’agit d’une tendance unique parmi les pays comparables aux Etats-Unis. Pour cette étude, son équipe a réalisé une « analyse de surmortalité », comparant les décès réels de 2011 à 2023 aux projections fondées sur les tendances antérieures de 1999 à 2010, tout en tenant compte de la croissance de la population.
Les résultats sont frappants : dans les Etats qui ont assoupli leur législation sur les armes à feu, plus de 7 400 décès d’enfants par arme à feu en plus ont été enregistrés, dont 6 000 dans le groupe des Etats les plus laxistes. Par comparaison, les huit Etats les plus stricts n’ont globalement connu aucune surmortalité. Et si l’étude ne peut prouver l’existence d’un lien de cause à effet indiscutable entre les morts et les législations assouplies, elle met en évidence des données éclairantes.
Les chercheurs ont, par exemple, analysé les homicides et les suicides sans arme à feu et n’ont trouvé là aucune augmentation notable. Par ailleurs, les enfants noirs ont connu la plus forte augmentation, l’étude émettant l’hypothèse d’une disparité sociale dans l’emplacement plus ou moins sécurisé des armes dans les foyers. Les chercheurs ont aussi relevé des exceptions : le nombre de décès a augmenté dans l’Illinois et le Connecticut malgré des lois plus strictes, les morts étant, dans le second cas, principalement dues à une tuerie de masse dans une école en 2012.