Interrogé sur une possible arrestation du gouverneur de Californie, Gavin Newsom, démocrate et l’une de ses bêtes noires, Donald Trump a lancé, lundi 9 juin : « Je le ferais si j’étais Tom [Homan], je pense que ce serait super. Il a fait un boulot horrible. » Difficile, comme souvent, de savoir si ses propos relèvent de la pure provocation ou signalent une réelle intention.
« Allez-y, arrêtez-moi », avait lancé Gavin Newsom, dimanche, sur la chaîne MSNBC, à l’intention de Tom Homan, le principal conseiller de Donald Trump en matière d’immigration et l’architecte de sa politique d’expulsion massive de migrants en situation irrégulière.
Après la déclaration du 47e président des Etats-Unis, le gouverneur de Californie a vivement répliqué sur X : « Le président des Etats-Unis vient d’appeler à l’arrestation d’un gouverneur en exercice. (…) C’est une ligne que nous ne pouvons pas franchir en tant que nation – c’est un pas incontestable vers l’autoritarisme. »
Le président républicain a multiplié ces derniers jours les attaques contre Gavin Newsom, considéré comme un espoir du parti démocrate pour la présidentielle de 2028, alors que Los Angeles était secoué par des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants opposés à la politique migratoire du gouvernement. Donald Trump a ordonné le déploiement de la garde nationale, un corps de réserve de l’armée, dans la mégalopole californienne, contre l’avis du gouverneur.
Plus largement, le gouvernement fédéral est engagé dans un bras de fer avec la Californie, bastion de l’opposition progressiste et « Etat sanctuaire » protégeant les migrants. Ce mouvement consiste, notamment, à limiter les informations que les autorités locales partagent avec les autorités fédérales. Dans certains cas, les polices locales ont pour interdiction d’interpeller un immigré en situation irrégulière sur la seule base de son statut migratoire.
Los Angeles a adopté ce statut en novembre 2024, dans la foulée de l’élection de Donald Trump, s’engageant à ne pas utiliser les ressources de la municipalité contre les personnes immigrées. Une politique dénoncée par l’administration Trump, qui souhaite priver de subventions fédérales les villes sanctuaires – décision invalidée en justice. M. Trump « espère du chaos pour pouvoir justifier plus de répression, plus de peur, plus de contrôle », a accusé, dimanche sur X, M. Newsom, appelant au calme.
Newsom dénonce un acte illégal
Les heurts ont débuté vendredi dans la mégapole californienne, où réside une importante population hispanique, quand des personnes ont tenté de s’interposer face aux arrestations musclées d’immigrés menées par la police fédérale de l’immigration (ICE). Lundi matin, plusieurs carcasses de voitures incendiées la veille sont visibles dans une artère de la ville, ainsi que de nombreux messages hostiles à l’ICE, à la police et au président tagués sur des bâtiments fédéraux. Selon la police de Los Angeles, au moins 56 personnes ont été arrêtées en deux jours et trois de ses membres ont été légèrement blessés.
« Les gens qui causent des problèmes sont des agitateurs professionnels et des insurgés », a estimé lundi le président américain, sans dire s’il allait déclarer un état d’insurrection, ce qui lui donnerait des pouvoirs extrêmement étendus. La maire de Los Angeles, la démocrate Karen Bass, a assuré que le périmètre des affrontements ne concernait que « quelques rues » du centre-ville, et non pas toute la ville, contrairement à ce qu’a insinué Donald Trump. « Les gens qui ont mis le feu à des voitures et commis des actes de vandalisme seront poursuivis », a-t-elle prévenu. « C’est inacceptable. »
Donald Trump s’est félicité d’avoir pris une « excellente décision » en déployant des militaires de la garde nationale à Los Angeles. Le président « a mis le feu aux poudres et agi illégalement en mobilisant la garde nationale » sans concertation avec les autorités locales – une première depuis soixante ans –, a dénoncé lundi M. Newsom, qui a promis des suites judiciaires contre cette décision.
Environ 300 de ces 2 000 membres de la garde nationale, une force armée de réserve qui est souvent mobilisée lors de catastrophes naturelles par exemple, sont arrivés dimanche matin. « Nous ne voulons pas voir plus de militarisation de la situation », a réclamé lundi l’Organisation des Nations unies. Les autorités mexicaines ont expliqué qu’une quarantaine de ressortissants mexicains avaient été arrêtés vendredi et samedi lors des opérations de l’ICE, qui ont suscité les manifestations.
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Evoquant une « invasion » des Etats-Unis par des « criminels venus de l’étranger », Donald Trump a érigé la lutte contre l’immigration clandestine en priorité absolue de son second mandat et communique abondamment sur les arrestations et expulsions d’immigrés.