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La plus importante épidémie de diphtérie en Europe occidentale depuis soixante-dix ans affecte des populations vulnérables – comme des personnes migrantes ou sans domicile – depuis 2022, alertent l’institut Pasteur et Santé publique France, mercredi 4 juin, appelant à une vigilance importante et à des actions ciblées.
La diphtérie est une infection bactérienne très contagieuse qui s’attaque aux voies respiratoires dans sa forme la plus grave, parfois mortelle, ou à la peau. Or un pic inhabituel de cas d’infections par une bactérie responsable de la diphtérie (Corynebacterium diphtheriae) a été observé, en 2022, dans plusieurs pays européens, principalement chez des migrants récents, retracent des chercheurs et des épidémiologistes de Pasteur et de Santé publique France, qui publient une étude sur le sujet dans The New England Journal of Medicine. Cette année-là, 362 cas ont été recensés par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies.
Des mesures rapides (recherche des contacts, dépistage des cas secondaires) ont permis d’atténuer l’épidémie, mais des contaminations rares ont été observées jusqu’à aujourd’hui parmi des personnes migrantes et d’autres populations vulnérables, notamment les personnes sans domicile fixe, notent les scientifiques. Au total, 536 cas, dont au moins trois mortels, ont été recensés en Europe depuis 2022.
Une circulation à bas bruit
L’analyse de prélèvements provenant de 362 patients dans dix pays a montré que 98 % étaient des hommes, d’un âge médian de 18 ans, dont la quasi-totalité avait récemment migré. Si la majorité des infections (77 %) étaient cutanées, 15 % étaient respiratoires.
Surtout, « l’épidémie, qui a principalement touché des populations migrantes originaires d’Afghanistan et de Syrie, ne résulte pas d’une contamination initiale dans ces pays d’origine, mais au cours des voyages migratoires ou dans les lieux d’hébergement dans les pays européens », résume un communiqué.
Vu la très forte proximité génétique entre les souches bactériennes observées chez des personnes issues de pays différents, les scientifiques font l’hypothèse d’« un point de contact récent, hors du pays d’origine, ayant permis les contaminations ».
Des inconnues demeurent cependant, comme la zone géographique et les conditions de ces contaminations. Et un lien génétique établi entre la souche ayant circulé en 2022 et une épidémie en 2025 en Allemagne laisse penser que « la bactérie continue de circuler à bas bruit en Europe occidentale ».
S’ils relèvent l’efficacité des programmes de vaccination pour la population générale, les experts appellent à une vigilance et à des actions accrues : sensibilisation des médecins et personnes en contact avec ces populations sur les symptômes, vaccinations, antibiothérapies adaptées…
La diphtérie représente aussi un risque pour les non-vaccinés, les consommateurs de drogues injectables, les personnes âgées souffrant de maladies préexistantes, pointe notamment Isabelle Parent du Châtelet, de l’institut Pasteur et Santé publique France
