Perdue au milieu de la prairie du Kansas, la ville de Wichita est un peu à l’aviation ce que Detroit est à l’automobile. Avec ses 400 000 habitants, elle se proclame même « capitale aérienne du monde ». Pas complètement à tort, manifestement : sur le campus de l’université d’Etat de Wichita (WSU), tous les géants mondiaux du secteur sont présents : Cessna, Airbus, Dassault Systèmes, Spirit AeroSystems… Tous ont un pavillon dans le National Institute for Aviation Research (NIAR), le centre de recherche national sur l’aviation américain. « L’affaire remonte au milieu des années 1940, nous explique le président de l’université de Wichita, Richard Muma. Walter Beech, fondateur de [la compagnie aérienne] Beech Aircraft, est allé voir le président de l’université de l’époque et lui a demandé : “Pourriez-vous construire une soufflerie pour nous aider à réaliser des essais aérodynamiques sur votre campus et l’utiliser pour la recherche ?” Et c’est ce que nous avons fait. » Tous les constructeurs ont pu utiliser la soufflerie, et c’est ainsi que l’université s’est spécialisée dans un domaine : résoudre les problèmes posés par les entreprises aéronautiques.
Dès le début du XXe siècle, des pionniers comme Clyde Cessna s’installent en ces lieux : le vent facilitait le décollage des avions, les plaines, dit la légende, limitaient les dangers des crashs. La ville devint, pendant la seconde guerre mondiale, le site de production des bombardiers B-29. Et l’endroit, situé au centre des Etats-Unis, avait un avantage : les avions reliant les côtes devaient faire étape, si bien que l’aéroport de Wichita, aujourd’hui transformé en musée, était, en 1947, le quatrième aéroport américain. Il a perdu de sa splendeur, victime du succès de l’aviation, et n’a même pas de ligne directe avec New York, mais l’ambition demeure.
« Nous avons été victimes de notre succès, car les avions avaient besoin d’une base au cœur de l’Amérique pour se ravitailler. Nous avons contribué à l’avènement de la technologie des réacteurs, ce qui leur a permis d’éviter de faire étape », nous explique la maire de la ville, Lily Wu. « Je souhaite que nous continuions d’être la capitale aérienne du monde [air capital of the world], AIR signifie aviation, innovation et recherche. C’est le secret de Wichita », explique l’ancienne journaliste au parcours détonnant au milieu du Kansas : libertarienne, d’ascendance chinoise et née au Guatemala. L’édile revient d’une visite d’usine à Spirit AeroSystems, premier employeur de la ville avec 12 000 salariés et fabricant de fuselages d’avion pour Boeing et Airbus, et ne tarit pas d’éloges sur « leur dévouement absolu, leur engagement et leur détermination à travailler dur ».
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