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« Un carton rouge » pour le gouvernement. C’est ainsi que Jaroslaw Kaczynski, chef du parti d’opposition nationaliste Droit et justice (PiS) qui a remporté la présidentielle polonaise, a qualifié la victoire dans les urnes, dimanche 1er juin, de Karol Nawrocki, son représentant.

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Alors que les prochaines élections législatives sont prévues en 2027, M. Kaczynski n’a pas attendu pour appeler à la création d’un « gouvernement apolitique et technique » composé d’experts. Le succès de M. Nawrocki, un historien de 42 ans sans expérience politique, vient à contre-courant de l’engagement pro-européen et du soutien à l’Ukraine de l’actuel gouvernement de Donald Tusk.

Dans ce contexte, le premier ministre a, lui, promis de poursuivre sa gouvernance du pays en se tournant d’abord vers le Parlement. « Le premier test sera un vote de confiance que je demanderai prochainement à la Chambre basse », a ainsi déclaré, lundi, M. Tusk dans une allocution télévisée, sans préciser la date de sa démarche.

« Je ne m’arrêterai pas un instant, en tant que premier ministre, dans mon travail et dans notre lutte commune pour la Pologne de nos rêves (…) : libre, souveraine, sûre et prospère », a déclaré M. Tusk en exprimant l’espoir de pouvoir coopérer avec le nouveau président élu.

Selon les résultats officiels publiés lundi, Karol Nawrocki, a remporté 50,89 % des voix, contre 49,11 % pour le pro-européen Rafal Trzaskowski, au second tour du scrutin présidentiel. Les résultats ont, par ailleurs, confirmé la polarisation profonde dans ce pays membre de l’OTAN et de l’Union européenne (UE).

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Pouvoir de veto

En Pologne, le chef de l’Etat, dont le mandat est de cinq ans, exerce une certaine influence sur la politique étrangère et de défense. Il dispose surtout d’un pouvoir de veto au niveau législatif. Plusieurs réformes prévues par Donald Tusk, ancien président du Conseil européen arrivé au pouvoir en 2023, ont ainsi été bloquées en raison de l’impasse avec le président sortant, Andrzej Duda.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est dite, sur X, « confiante » dans la poursuite d’une « très bonne coopération » avec Varsovie, tandis que le chef de l’OTAN, Mark Rutte, s’est réjoui « de travailler ensemble » avec le nouveau président. Le président allemand, Frank-Walter Steinmeier, a, quant à lui, appelé la Pologne et l’Allemagne à « coopérer étroitement sur la base de la démocratie et de l’Etat de droit ».

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Le président français, Emmanuel Macron, a exhorté M. Nawrocki à continuer à bâtir une Europe « forte », « indépendante » et « respectueuse de l’Etat de droit », alors que la présidente des députés d’extrême droite, Marine Le Pen, a vu une « bonne nouvelle » dans la victoire de M. Nawrocki et « un désaveu pour l’oligarchie de Bruxelles ».

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De son côté, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui partage la même vision souverainiste face à Bruxelles que le président élu, a qualifié sa victoire de « fantastique ». La présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, a quant à elle félicité M. Nawrocki en évoquant des « valeurs communes » entre les deux pays.

Des liens compromis avec l’Ukraine

Dans son message de félicitations publié tard lundi, le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a qualifié la Pologne d’« alliée modèle » et de « contributrice-clé au renforcement de l’OTAN ». « Le peuple polonais s’est exprimé et soutient une armée plus forte et la sécurisation de ses frontières », a-t-il ajouté.

Cette victoire pourrait compromettre les liens étroits avec l’Ukraine voisine, car M. Nawrocki critique les plans d’adhésion de son voisin au sein de l’UE et de l’OTAN et souhaite réduire les avantages accordés aux réfugiés ukrainiens. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a cependant dit espérer « poursuivre une coopération fructueuse avec la Pologne et avec le président Nawrocki personnellement », dans un message sur X.

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La Pologne joue un rôle de premier plan dans la diplomatie internationale autour de l’Ukraine. La majorité des armes occidentales et de l’aide destinées à Kiev transitent par son territoire.

Durant les dernières heures de sa campagne électorale, Karol Nawrocki a déposé des fleurs au pied d’un monument dédié aux Polonais tués par des nationalistes ukrainiens pendant la seconde guerre mondiale. « C’était un génocide commis contre le peuple polonais », a-t-il déclaré.

Le leader d’extrême droite polonais, Slawomir Mentzen, lui a également adressé ses félicitations, en rappelant que les électeurs de son parti, Confédération, s’attendaient à ce qu’il ne place « pas les intérêts de l’Ukraine au même niveau que les nôtres ».

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Le Monde avec AFP

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