Une attaque « terroriste » coordonnée a visé, lundi 2 juin, le camp militaire et l’aéroport de Tombouctou, grande ville du nord du Mali, où des tirs nourris ont été entendus, selon l’armée, des responsables locaux et des habitants joints par l’Agence France-Presse (AFP). Le pays est en proie depuis 2012 aux violences de groupes djihadistes affiliés à Al-Qaida et au groupe Etat islamique (EI), mais aussi de gangs communautaires. En 2012, Tombouctou avait vécu plusieurs mois sous le joug des djihadistes.
L’état-major malien a indiqué dans un communiqué avoir « déjoué une tentative d’infiltration des combattants terroristes au camp de Tombouctou » vers 10 heures et avoir « neutralisé » treize assaillants, sans préciser s’il y avait d’autres victimes. « Le ratissage est en cours dans toute la ville », poursuit le communiqué. Le camp militaire a subi une « tentative d’infiltration » et des obus ont été lancés sur l’aéroport situé à deux kilomètres de la ville, a précisé le gouvernorat de Tombouctou, qui affirme par ailleurs sur Facebook que la situation est « sous contrôle ».
Aucune indication sur d’éventuelles victimes militaires ou civiles n’était disponible dans l’immédiat. Une source sécuritaire a affirmé dans l’après-midi à l’AFP que les opérations dans le camp étaient « déjà terminées » et que les assaillants étaient « partout dans la ville ». A l’aéroport, « ils n’ont pas fait d’incursion » car « les Russes sont là-bas », « mais ils ont lancé des obus », a poursuivi cette source, ajoutant : « C’est chaud partout. » Selon un élu local, « les terroristes sont arrivés » lundi à Tombouctou « avec un véhicule bourré d’explosifs » qui « a explosé vers le camp » militaire.
Le personnel de l’ONU a reçu pour consigne, dans un message, de « se mettre à l’abri » et de « rester loin des fenêtres » en raison de « tirs dans la ville ». Un habitant de Tombouctou a de son côté raconté avoir entendu « des tirs nourris dans la ville », qui « semblent venir du côté du camp » militaire. « Ce matin, notre ville a été attaquée par des groupes terroristes. Des tirs ont été entendus au niveau du camp militaire et de l’aéroport. Nous sommes tous rentrés chez nous. La ville est sous le feu », a décrit un journaliste local joint au téléphone.
Lorsqu’ils avaient occupé Tombouctou, en 2012, les djihadistes avaient causé l’émoi par leurs exactions et la destruction d’une partie des mausolées de cette ville inscrite au patrimoine de l’humanité. La ville avait été reprise sans combat, fin janvier 2013, à la faveur de l’opération militaire française « Serval » pour enrayer la progression des djihadistes au Mali. Les groupes djihadistes et les forces armées maliennes, associées au groupe paramilitaire russe Wagner, sont régulièrement accusés d’exactions par des observateurs internationaux.
Depuis qu’ils ont pris le pouvoir lors de coups d’Etat en 2020 et 2021, les militaires ont rompu la vieille alliance avec l’ancienne puissance coloniale française et se sont ensuite tournés vers la Russie. En septembre 2024, les djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) ont revendiqué une attaque d’une rare ampleur en frappant une caserne de gendarmerie et un aéroport militaire dans la capitale, Bamako, plutôt épargnée ces dernières années par les opérations d’envergure.