Livre. « L’Eglise a fait un gros travail sur les violences sexuelles. L’école peut et doit le faire », juge Aude Lorriaux, journaliste à 20 Minutes, dans son livre Tableau noir. Violences sexuelles entre enfants, le phénomène massif que l’école ne veut pas voir (Stock, 336 pages, 21,50 euros). A l’heure d’une forme de « #MeToo scolaire », qui a éclos depuis le scandale de l’affaire de Notre-Dame-de-Bétharram, et d’une libération de la parole des victimes de violences commises au sein d’institutions scolaires par des adultes, la journaliste a enquêté sur un autre continent largement inexploré : les violences sexuelles entre enfants.
A travers les témoignages de Mehdi, Alice, Michel ou Sébastien, de leurs parents et d’experts, Aude Lorriaux démontre l’impensé que représentent ces abus au sein de l’éducation nationale. Entre 2019 et 2020, plus de 23 000 mineurs ont été accusés d’infractions à caractère sexuel. Au-delà de ces cas judiciarisés, 16 % des écoliers ont déclaré qu’un ou plusieurs élèves avaient essayé de « toucher des parties de leur corps ou de les embrasser sans qu’ils disent oui », selon l’enquête harcèlement réalisée en novembre 2023 par l’éducation nationale. Le phénomène est en forte croissance en raison, selon la journaliste, de l’« hypersexualisation » de la société et d’une exposition précoce à la pornographie de nombre d’enfants et d’adolescents.
Constat sévère
Face aux agressions que subissent leurs enfants et aux traumatismes qui en découlent, les parents se sentent le plus souvent désemparés, seuls, voire incompris, comme cette mère à qui la directrice de l’école rétorque qu’il ne s’agit que de « jeux d’enfants ». Si le constat est sévère pour l’éducation nationale, il n’est pas sans explications. Aude Lorriaux détaille le manque de formation des enseignants sur ces sujets sensibles, le déficit d’infirmières scolaires et de psychologues de l’éducation nationale ou encore des lacunes dans la jonction avec le périscolaire. Symbole de cet impensé, les toilettes restent pour des générations d’élèves le lieu de prédilection de toutes les violences.
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