Oublié, ce classement de Premier League qui montre Tottenham pointer à une vilaine 17e place à une journée de la fin. Les Spurs ont sauvé leur saison, mercredi 21 mai, en remportant, à Bilbao (Espagne), la Ligue Europa aux dépens de Manchester United, autre club anglais à la dérive.
A peine mieux lotis en championnat (16e), les Red Devils finissent la saison bredouilles, permettant même au club londonien – qui les a battus quatre fois cette saison – de soulever enfin une coupe, dix-sept ans après leur victoire en Coupe de la Ligue anglaise (2008).
« Ce club n’a pas remporté de trophée depuis dix-sept ans, cela signifie tellement !, a déclaré, après le match, le buteur décisif, Brennan Johnson. Depuis que je suis arrivé ici, on entendait sans cesse : “Tottenham est une bonne équipe, mais elle n’arrive jamais à finir le travail”… Eh bien, nous l’avons fait ! »
Fragilisé avant la rencontre, où il a dû répondre à de nombreuses questions sur son avenir, l’entraîneur australien Ange Postecoglou, qui avait rappelé qu’il « gagnait toujours quelque chose » lors de sa deuxième saison sur un banc, a tenu son pari. Le coach d’origine grecque n’est, malgré ce succès, pas certain d’y rester pour la saison prochaine. Mais il demeurera, aux yeux des supporteurs de Tottenham, le héros d’une odyssée sinueuse ayant ramené le club du nord de Londres en Ligue des champions, grâce à cette victoire.
« Les gens peuvent parler de nos vingt défaites en championnat et de notre situation, mais ils ne comprennent pas ce que nous essayons de construire ici, a expliqué l’entraîneur après la victoire. La victoire de ce soir peut être une excellente plateforme pour nous permettre de continuer sur cette voie. »
« Cette saison est inacceptable »
Manchester United, habitué ces dernières saisons à maquiller son spectaculaire déclin derrière des coupes (Coupe d’Angleterre, Coupe de la ligue) qui lui permettaient de jouer la Ligue Europa même sans l’avoir vraiment mérité, ne disputera aucune compétition européenne l’an prochain, pour la première fois depuis 2014.
« C’est la pire fin possible, a admis le défenseur mancunien Luke Shaw. Cette saison est inacceptable, ce n’est vraiment pas suffisant pour un club comme Manchester United. Je pense que nous devons tous, moi y compris, se demander si nous sommes assez bons pour être ici. »
Newsletter
« Sport »
Enquêtes, reportages, analyses : l’actualité du sport dans votre boîte e-mail chaque samedi
S’inscrire
« Ce que je peux dire, c’est qu’il était clair que nous étions la meilleure équipe, mais n’avons encore pas su marquer », a jugé l’entraîneur Ruben Amorim qui s’est dit, mercredi soir après la défaite, prêt à quitter le club anglais si on le lui demande.
Sur la qualité du jeu, il n’y a pas eu de miracle au stade San Mamés et les deux équipes n’ont pas retrouvé d’un seul coup le niveau attendu lors d’une finale européenne. Au cours d’une première période hachée, les Spurs et les Red Devils ont attaqué tour à tour, mais plus avec la peur de l’échec qu’avec une volonté de faire basculer leurs destins.
Côté mancunien, c’est l’attaquant ivoirien Amad Diallo, 22 ans, qui a été le plus dangereux sur son aile droite : d’abord avec une frappe tendue qui a frôlé le poteau droit du gardien italien Guglielmo Vicario (17e), puis une série de feintes dévastatrices qui a donné le tournis au latéral de la Nazionale Destiny Udogie (30e), sans trouver de partenaire ensuite.
Sauvetage miraculeux de Micky van de Ven
Privés de plusieurs joueurs offensifs (Maddison, Kulusevski, Werner) et sans leur capitaine Heung-Min Son, remplaçant au coup d’envoi, les hommes de Postecoglou ont, eux, souvent manqué de patience balle au pied, en tentant quasi systématiquement de trouver le buteur anglais Dominic Solanke en déviation.
Mais ils ont, comme un symbole, trouvé la faille sur leur première réelle opportunité, lorsque le Gallois Brennan Johnson s’est arraché pour couper un centre du Sénégalais Pape Matar Sarr (42e, 1-0), bien aidé par la déviation involontaire de la main du Mancunien Luke Shaw.
La défense des Spurs a ensuite tenu bon en deuxième période face aux assauts des Red Devils, notamment grâce à un sauvetage miraculeux, jambe tendue, du Néerlandais Micky van de Ven devant Rasmus Hojlund (69e), et deux arrêts décisifs du gardien Vicario sur une frappe de l’Argentin Alejandro Garnacho (74e) et une tête de Shaw (90 + 7).
Suffisant pour conserver leur avantage et écrire une page d’histoire qu’ils étaient pourtant prêts à arracher, dans quelques jours, au terme d’une saison qu’ils risquent de terminer au bord de la relégation, mais avec un quatrième trophée européen dans leur armoire, après la Coupe des coupes de 1962 et la Coupe de l’UEFA (ex-Ligue Europa) de 1972 et 1984.