Enfant, Philippe Katerine s’extasiait devant Lucky Luke. Le nez collé aux albums du héros de bande dessinée, il repérait les tableaux coquins accrochés aux murs des saloons où le cow-boy s’arrêtait siroter une limonade. Dans la dernière partie de sa carrière, son créateur, Morris (1923-2001), s’amusait en effet à dessiner de très discrets nus féminins dans les cadres moulurés qui ornaient les débits de boisson du Far West. Ebauchées en quelques traits, ces miniatures licencieuses échappaient à l’œil des censeurs de la commission de surveillance des publications destinées à la jeunesse. Mais pas à celui du jeune Philippe – Blanchard de son vrai nom.
A l’aide d’une photocopieuse, le garçon réalisait alors des agrandissements de ses trouvailles, qu’il distribuait ensuite aux copains et aux voisins du quartier, à Chantonnay, la petite ville de Vendée où il a grandi. Des « plaintes » de parents en découlaient. Des remontages de bretelles aussi. « Cela m’a permis de constater très tôt l’impact que pouvait générer le dessin, se souvient-il. Un dessin est plus rapide qu’une chanson. Un seul regard suffit pour qu’il soit compris. »
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