Que collectionner soit une activité essentielle pour Sophie Calle, passion héritée de son père, on le sait depuis longtemps. Pour cette exposition, elle a pris, sur ses murs et dans ses vitrines, des œuvres qui pouvaient s’entendre avec celles d’art dit « brut » que présente Christian Berst : principalement des photographies pour elle et des œuvres graphiques pour lui. Elles sont accrochées ensemble, par affinités de thèmes. S’y retrouvent ceux que Sophie Calle artiste a faits siens dès ses débuts : le désir, le voyeurisme, l’érotisme et, a contrario, l’absence, la peur, la mort. Bien des noms sont connus : Diane Arbus, Pierre-Louis Pierson, Josef Hofer, Miroslav Tichy. D’autres devraient l’être davantage : Varujan Boghosian ou John Kayser.
Mais il y a aussi de nombreux anonymes, dont ceux qui prenaient, vers la fin du XIXe siècle et au début du XXe, de petits portraits de mères avec leurs enfants dans leurs intérieurs, mais de mères invisibles, voilées, dissimulant leur visage, pour des raisons sans doute sociales ou morales. Cet ensemble d’images tragiquement muettes, constitué par l’artiste, répond à ses propres travaux, dans lesquels la figure de sa mère est centrale. Cette cohérence ne surprend pas, mais elle est ici parfaitement démontrée.
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