Pour mener les négociations potentiellement historiques, à Istanbul, Vladimir Poutine a choisi un idéologue… des livres d’histoire. Vladimir Medinski, 54 ans, un fidèle du chef du Kremlin qui l’avait déjà envoyé diriger sa délégation lors des infructueux pourparlers russo-ukrainiens de mars 2022, entretient une vision nationaliste du passé russe. Ministre de la culture entre 2012 et 2020, sans expérience diplomatique, il avait mis les milieux culturels au service du patriotisme, pourchassant auteurs et metteurs en scène jugés trop libéraux. M. Medinski est au cœur du message du Kremlin repris par ses divers relais, médiatiques et culturels : la Russie défend les valeurs chrétiennes conservatrices et doit se « protéger » contre les errements de la culture contemporaine occidentale.
M. Poutine, historien en chef du pays, a notamment confié en 2023 à M. Medinski la mission de réécriture du manuel scolaire d’histoire pour les grandes classes (équivalent des 1re et terminale) : ses deux épais volumes couvrent le XXe siècle jusqu’à nos jours, avec de longs chapitres sur les deux décennies de présidence Poutine. Conseiller culturel au Kremlin, M. Medinski est ainsi l’un des auteurs du narratif révisionniste qui a conduit à la justification de l’invasion de l’Ukraine en février 2022 : comme l’URSS a combattu les nazis allemands, la Russie d’aujourd’hui lutte contre les fascistes ukrainiens.
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