Après plus de deux heures d’une audition particulièrement tendue mercredi 14 mai à l’Assemblée nationale, le premier ministre, Francois Bayrou, a été interrogé par le député insoumis Paul Vannier, corapporteur de la commission d’enquête sur l’affaire de Bétharram, sur la gifle qu’il avait donnée à un jeune à Strasbourg en 2002, défendant, comme il l’avait fait à l’époque, une attitude de « père de famille ».
Pendant un déplacement à Strasbourg, dans le cadre de sa première campagne présidentielle, M. Bayrou avait donné une gifle à un jeune garçon qui essayait de lui faire les poches. Le candidat de l’UDF essayait d’entamer le dialogue avec une vingtaine de jeunes en sortant d’une annexe de la mairie de Strasbourg située dans le quartier difficile de la Meinau, qui venait d’être caillassée. L’incident, filmé, avait fait grand bruit dans cette campagne.
« Je voudrais vous interroger sur votre rapport à la violence faite aux enfants », a entamé M. Vannier, évoquant dans sa question une « conception éducative de la gifle » dont M. Bayrou paraîtrait « encore emprunt aujourd’hui ».
« Ce que vous dîtes, c’est n’importe quoi », a répondu le premier ministre. La mairie de Strasbourg avait été « lapidée par un petit groupe de militants islamistes » car il avait, « quelques années auparavant, interdit le voile à l’école » ; en référence à une circulaire prise comme ministre de l’éducation en 1994, a expliqué M. Bayrou.
« A ce moment-là, ce petit groupe se met à éructer contre la maire de Strasbourg par des propos d’une indécence sexiste tels que je ne les ai pas supportés, a développé le premier ministre. Je suis donc descendu et je me suis confronté à ce petit groupe en disant : “Quand je suis là, on ne parle pas comme ça à une femme.” Et il y a eu un moment un peu chahuté ».
« Un geste éducatif »
M. Bayrou raconte avoir « trouvé » la main d’un petit garçon en train de sortir son portefeuille de sa poche. « Et je lui ai donné une tape. Pas une claque, je veux dire pas… pas… pas une claque. Pas quelque chose de brutal. Je lui ai donné une tape, a ajouté M. Bayrou. Ce n’était pas du tout une claque violente, c’était une tape, en effet, de père de famille. Et si quelqu’un ici pense que jamais il n’a donné une tape à un enfant, je crois que beaucoup, s’ils sont honnêtes, pourront admettre qu’ils l’ont fait. » « Pour moi, ce n’est pas de la violence », mais « un geste éducatif », a insisté M. Bayrou.
« Il y a donc pour vous des tapes éducatives et des claques non violentes. Je crois que ce sont des éléments importants qui vont nous accompagner dans la suite de cette audition », a répondu M. Vannier. « Monsieur, toujours la même méthode. Vous essayez chaque fois de reformuler, de reformuler de manière scandaleuse ce qu’on vous dit », s’est emporté M. Bayrou avant une brève suspension de l’audition.