L’espoir d’une libération conditionnelle prend sérieusement forme pour les frères Menendez, célèbres aux Etats-Unis pour le meurtre de leurs richissimes parents dans leur maison de Beverly Hills en 1989. Le juge californien Michael Jesic a réduit, mardi 11 mai, la peine des deux hommes, qui avaient été condamnés à la perpétuité incompressible et ont passé trente-cinq ans derrière les barreaux. Cela les rend éligibles à une libération conditionnelle, sur laquelle devra statuer ultérieurement une commission dédiée.
La décision est intervenue après une audience remplie d’émotions, où la famille d’Erik et Lyle Menendez a soutenu leur demande de libération et où les deux frères ont fait amende honorable par visioconférence.
« J’ai tué ma mère et mon père. Je n’ai aucune excuse. J’assume l’entière responsabilité de mes actes », a déclaré Lyle Menendez, aujourd’hui âgé de 57 ans. « J’ai tiré cinq coups de feu sur mes parents et je suis allé chercher d’autres munitions. J’ai menti à la police, j’ai menti à ma famille. Je suis sincèrement désolé », a complété Erik, 54 ans.
« Nous pensons que 35 ans, c’est suffisant », a expliqué une cousine des deux hommes, Anamaria Baralt, devant le tribunal. « Notre famille leur a entièrement pardonné. Ils méritent une seconde chance dans la vie. »
Une affaire qui passionne l’Amérique
Le juge Jesic a déclaré qu’après avoir « longuement réfléchi » aux peines que méritaient les frères. Il leur a accordé « beaucoup de mérite pour avoir changé leur vie » et il a déclaré avoir été particulièrement ému par une lettre soumise par un responsable de la prison qui soutenait la réduction de la peine, ce qu’il n’avait jamais fait pour une personne incarcérée en vingt-cinq ans.
« Je ne dis pas qu’ils devraient être libérés, ce n’est pas à moi d’en décider, a déclaré le juge. Je crois juste qu’ils ont suffisamment fait ces trente-cinq dernières années pour qu’ils aient cette chance. »
L’affaire avait passionné l’Amérique, lors d’un des premiers procès retransmis à la télévision. Elle est revenue dans la lumière grâce à une série et un documentaire de Netflix l’an dernier.
A l’époque du meurtre de leurs parents, le parquet avait accusé les deux jeunes hommes, âgés de 18 et 21 ans au moment des faits, de les avoir assassinés à coups de fusil pour hériter de leur fortune de 14 millions de dollars. Leurs avocats avaient quant à eux présenté ces meurtres comme une tentative désespérée d’autodéfense, en affirmant que les deux frères avaient été violés pendant des années par leur père, José Menendez, et que leur mère Kitty était au courant.
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Dans un monde où le mouvement #MeToo a changé la perception des victimes de violences sexuelles, un mouvement populaire pour réclamer leur libération a émergé, soutenu par des stars comme Kim Kardashian.
« Nous ne sommes plus dans les années 1990. Nous avons une compréhension plus solide de beaucoup de choses », a salué leur avocat, Mark Geragos, à la sortie du tribunal, en « tirant [s]on chapeau » au juge qui leur accorde cet allègement de peine.
Détenus modèles
Pendant plus de trois décennies en prison, ils sont devenus des détenus modèles et « ont fait tout leur possible pour se réhabiliter », a insisté Tamara Goodell, une autre cousine, devant le tribunal.
Karen VanderMolen, la nièce de la mère d’Erik et Lyle, a accueilli cette décision en larmes. A la sortie du tribunal, elle a espéré que cela serve de « précédent » pour les détenus qui montrent qu’ils sont « capables de changer et de se transformer, tout comme [eux] ».
Le nouveau procureur du comté de Los Angeles, Nathan Hochman, s’opposait à leur sortie de prison. Il estimait que les frères Menendez n’avaient pas reconnu tous les mensonges proférés pendant l’enquête. Ces derniers avaient d’abord accusé la mafia du meurtre de leurs parents, avant de changer leur version plusieurs fois. Les enquêteurs avaient finalement mis la main sur l’enregistrement d’une séance de psychothérapie, où Erik avouait le meurtre.
Ils doivent comparaître devant une commission judiciaire le 13 juin, une date qui avait été fixée avant la décision de mardi. Elle devait initialement émettre un avis sur leur comportement en prison à destination du gouverneur de Californie, Gavin Newsom, à qui les deux frères demandaient de commuer leur peine. Le démocrate a encore le pouvoir de s’opposer à leur libération conditionnelle.